Le Musée d’art moderne de Fontevraud s’offre une immense tapisserie de Jean Lurçat, consolidant ainsi un des atouts de sa collection.
Deux ans et demi après son ouverture, le Musée d’art moderne de Fontevraud procède à ses toutes premières acquisitions, un événement crucial dans l’histoire d’une nouvelle institution. Pour ce faire, l’établissement a puisé dans le fonds de dotation généreusement initié par Martine et Léon Cligman, ses fondateurs. Sur les cinq millions d’euros initiaux, quatre ont été utilisés pour l’aménagement du musée, il restait donc un million pour enrichir cette collection originale.
Le musée, qui dépend de la région des Pays de la Loire a en effet un positionnement singulier, puisqu’il présente la collection patiemment bâtie par le couple Cligman, pendant 60 ans d’amour et de passion pour l’art moderne. Ces philanthropes étaient en effet animés par une même sensibilité : le goût de la modernité classique et le rejet de l’abstraction et de la radicalité des avant-gardes. Les premières acquisitions s’inscrivent logiquement dans cette lignée humaniste et figurative.
Le Bois de Jean Lurçat vient compléter le fonds déjà conséquent de quatre œuvres du célèbre peintre cartonnier acquis par les Cligman. Cette immense tapisserie mesurant près de quatre mètres de long représente un arbre de vie qui perce, malgré les ronces et un homme armé d’une scie. Cette composition ainsi que le poème brodé véhiculent un vibrant message d’espoir tout en étant la métaphore d’une France en pleine reconstruction au sortir de la guerre. Elle s’inscrit dans la tonalité humaniste de la collection.
Véritable explosion de couleurs, Le Bois a été exécutée à Aubusson en 1947 d’après un carton de Lurçat. Pièce unique provenant d’une commande, elle possède une iconographie originale d’inspiration médiévale. La figure humaine s’insère en effet dans un environnement végétal dense peuplé d’un coq, d’un papillon, d’un corbeau, d’un lièvre, d’un canard et d’un serpent. Ce bestiaire crée un bel écho avec la sculpture de l’abbaye de Fontevraud, la plus vaste cité monastique d’Europe.
Sans surprise, Lurçat, le plus grand cartonnier du XXe siècle, est bien représenté au musée. Les Cligman étaient de toute évidence sensibles à ses thématiques de prédilection, à son esthétique, mais également à son médium. D’une parce que la fortune de Martine et Léon était issue de l’industrie textile de l’Ouest. D’autre part sans doute parce que cet artiste est particulièrement reconnu dans la région des Pays de Loire : c’est au musée de la tapisserie Jean Lurçat d’Angers qu’est exposé Le Chant du Monde, le grand œuvre de Jean Lurçat, qui est aussi la plus grande tenture contemporaine.
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Le Bois de Jean Lurçat
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°769 du 1 novembre 2023, avec le titre suivant : Le Bois de Jean Lurçat