Pendant quasiment soixante-dix années, l’Aubette est restée le fantasme des historiens de l’art. Et voilà qu’elle réapparaît partiellement, minutieusement reconstituée grâce à l’abnégation de chercheurs et l’investissement de la mairie de Strasbourg. Mais qu’est-ce que c’est ?
Icône de l’œuvre d’art totale
Il s’agit du nom du bâtiment néoclassique érigé place Kléber et au sein duquel s’est déployée sur quatre niveaux une aventure artistique exceptionnelle. En 1925, Jean Arp, son épouse Sophie Taeuber-Arp et Theo Van Doesburg (théoricien et acteur de l’avant-garde hollandaise De Stijl) se voient confier la conception d’un café-dancing-cinéma-salon de thé. Après deux ans passés à élaborer les plans de cette application architecturale de leurs principes picturaux, le chantier ne prendra qu’un an pour déployer ce style radical et novateur. Mais la crise aura raison des lieux, reconvertis moins de dix ans après leur inauguration.
En 1994, une première phase de restauration a permis de libérer le « cinébal », régi par une grille diagonale et dynamique, sobrement meublé dans un style Bauhaus. La plus grosse partie a été ensuite entreprise entre 2001 et 2006, redonnant vie à l’escalier rigoureux et bicolore de Van Doesburg, à la salle des fêtes et sa composition orthogonale émaillée des aplats de couleurs élémentaires (jaune, bleu, rouge et noir) alternant avec des panneaux d’ampoules à l’alignement graphique, et, enfin, au foyer, rythmé de rouge et de gris. Si toute une partie du complexe semble irrémédiablement perdue faute de documents, ce vestige témoigne néanmoins brillamment de l’audace d’Arp, de sa femme et de leur ami Van Doesburg. Reste aujourd’hui à trouver une activité à ce lieu magique pour ne pas qu’il retombe dans l’oubli ou la sclérose patrimoniale. Il se visite du mercredi au samedi durant toute l’exposition, avant de se replier sur lui-même.
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L’Aubette ressuscitée en attente d’activité
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°608 du 1 décembre 2008, avec le titre suivant : L’Aubette ressuscitée en attente d’activité