Nouveau lieu et nouvelle direction pour cette 15e édition de la foire de photographie qui relève le défi de s’installer au Grand Palais. Julien Frydman, ancien patron de Magnum Paris, nommé commissaire général en février dernier, nous en dévoile les grandes lignes artistiques…
L’œil : Paris Photo s’installe cette année au Grand Palais. Peut-on dire que la foire entame une nouvelle ère ?
Julien Frydman : C’est certainement un deuxième tome plus qu’un deuxième chapitre qui peut s’écrire. Il y a derrière nous quinze ans de succès, de travail qui ont permis de faire de Paris Photo une foire reconnue internationalement et sans équivalent dans le monde. Sur ces bases solides, on peut aujourd’hui l’élargir et donner à ce moment clé une nouvelle force, une nouvelle perception.
L’œil : Sur les cent dix-huit galeries françaises et internationales qui exposent à Paris Photo, quarante-huit nouveaux exposants rejoignent cette année la foire dont quelques grands noms. Certains font aussi leur réapparition. Faut-il y voir une réorientation des critères de sélection ?
J. F. : Les critères n’ont pas changé, je ne suis pas arrivé devant le jury composé de huit galeristes en disant voilà de nouveaux paramètres à prendre en compte. J’ai fait en très peu de temps un travail de « rabatteur » [Julien Frydman a rejoint Paris Photo en février 2011]. Je suis allé voir des galeries importantes qui manquaient à l’appel, je leur ai expliqué mon projet et j’ai essayé de leur donner envie de participer. Le comité a ensuite examiné le sérieux de chaque galerie, la qualité de sa proposition et de ce qu’elle défend aujourd’hui. La sélection devait s’assurer de la présence à la fois de jeunes galeries que l’on ne voyait pas jusque-là et de grandes galeries dont les photographes ont fait et font l’histoire de la photographie.
L’œil : L’installation au Grand Palais et la politique d’élargissement de Paris Photo à une programmation d’expositions et de débats ont-elles permis l’arrivée de galeries telles que Gagosian Gallery, Fraenkel ou Peter MacGill ?
J. F. : Ces éléments ont sûrement joué. Participent cette année des galeries que l’on ne voyait pas à Paris Photo et qui font habituellement pas ou peu de foires. On est là pour que les galeristes rencontrent les acheteurs et pour que les artistes vendent leurs œuvres. Si vous utilisez toujours les mêmes ficelles, vous réunirez les mêmes galeries et les mêmes acheteurs.
Avec la nouvelle programmation d’expositions, j’ai commencé à élargir le spectre des galeries présentes et de certains grands collectionneurs annoncés. Ramener du contenu hors galerie est une dimension intrinsèque à une foire, surtout quand elle se doit d’être un rendez-vous immanquable. Il est important de donner des outils aux acheteurs – grands ou petits – pour qu’ils comprennent ce qui se passe autour de la photographie aujourd’hui. Expositions, entretiens, tables rondes permettent de ne pas être seulement dans une lecture spontanée des œuvres, et d’approfondir sa lecture de la photographie.
L’œil : Notamment par l’intermédiaire d’expositions comme celle consacrée cette année à la collection privée d’Artur Walther ou celle axée sur les acquisitions récentes de trois grandes institutions : l’International Center of Photography, la Tate Modern et le Musée de l’Élysée ?
J. F. : Chacune de ces collections s’est construite différemment. Il est important de montrer cette diversité. La photographie se regarde, se collectionne et se comprend de différentes manières. Il faut rendre visibles et valoriser ces lectures et comprendre pourquoi telle institution fait l’acquisition de telle œuvre. Sinon on ne rend justice ni au potentiel de la photographie, ni aux collectionneurs qui ont construit des pans entiers de l’histoire de la photographie.
L’œil : Faut-il voir dans cette nouvelle programmation l’ambition de faire de Paris Photo plus qu’un haut lieu du marché ?
J. F. : Ma mission est de répondre aux attentes d’un public toujours plus exigeant et curieux, et de faire de Paris Photo un rendez-vous annuel dans lequel toutes les composantes sont réunies pour que les galeristes et les artistes qui comptent soient présents. Cela induit de prendre le pouls des mutations en cours nourries de recherches, de découvertes, de relectures historiques et, évidemment, de créations contemporaines.
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Julien Frydman - « Paris Photo écrit son deuxième tome »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°640 du 1 novembre 2011, avec le titre suivant : Julien Frydman - « Paris Photo écrit son deuxième tome »