James Turrell, sublime et lumineux

La fondation qu’il a créée au Muy, dans le Var, en lieu et place de son lieu de vie et de travail, qui compte depuis deux ans une étonnante chapelle Stella, est encore le réceptacle chaque été d’une exposition estivale qui est un régal pour les yeux et pour l’esprit. Après la présentation d’une œuvre magistrale de Klein et de Tinguely l’an passé, l’hôte en est cette année James Turrell, l’artiste par excellence de la lumière. L’Américain y présente deux œuvres complémentaires, un skyspace elliptique grand ouvert sur le ciel et un espace clos révélant en son fond un rectangle rouge irradiant. Double éloge de l’immatériel. L’art de Turrell est requis par l’intense. Il trouve au Muy l’occasion d’une expression une nouvelle fois sublime, au sens fort du mot quand il suppose l’absence de toute limite. En faire l’expérience est chaque fois une invitation à la perte de tout repère dans cette façon d’abandon du corps et de l’esprit pour atteindre une sphère supérieure où ceux-ci sont délivrés de toutes les contingences d’ici-bas. C’est ce qui advient à la Fondation Venet, dont le cadre naturel participe à une telle réussite. Il y va de l’expérience tout à la fois d’une énergie, d’une volupté et de ce quelque chose d’indicible qui ne vous laisse pas indemne. Qui modifie votre rapport au monde pour apprécier celui-ci dans sa plénitude et son ampleur.