Ambitieuse, la nouvelle exposition du Mudam réunit les propositions d’une quinzaine d’artistes qui tentent de mettre en lumière les évolutions de nos perceptions de la vie au sein des espaces terrestres perçus comme « naturels » à l’heure de l’anthropocène (étymologiquement « L’âge de l’homme »).
Les œuvres interrogent les impacts durables des activités humaines sur l’environnement et attestent de la diversité des situations politiques, économiques et environnementales qui conduisent à protéger, restreindre, voire interdire l’accès à certains territoires. La dessinatrice scientifique Cornelia Hesse-Honegger (Suisse) s’est rendue quatre ans après la catastrophe nucléaire à Tchernobyl, où elle a collecté des insectes et des feuilles d’arbres. Ses dessins d’une très grande précision permettent d’observer les multiples anomalies et malformations dues aux irradiations. Hélène Lucien et Marc Pallain (France) présentent douze « chronoradiogrammes » réalisés à partir de films radiographiques déposés sur des zones irradiées aux alentours de Fukushima un an après la catastrophe. Les rayonnements gamma ont fait apparaître sur la pellicule des espaces plus ou moins clairs créant des motifs d’une inquiétante présence, empreintes d’une radioactivité habituellement invisible. Le film d’animation 489Years (2016) de Hayoun Kwon (Corée) permet de découvrir des espaces d’une grande diversité végétale et animale puisque interdits depuis 1953 à toute activité humaine : la zone démilitarisée entre les deux Corée. Denses, poétiques, engagées, les œuvres ici rassemblées remettent en question des regards convenus sur un environnement que l’homme ne cesse de modifier.
Mudam Luxembourg - Musée d’art moderne Grand-duc Jean, 3 Park Draï Eechelen, Luxembourg-Kirchberg, www.mudam.lu
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°713 du 1 juin 2018, avec le titre suivant : Inquiétante actualité de notre planète