En 1947-1948, Diego Rivera retrouve sa force créatrice dans une immense fresque de 15 mètres : Songe d’un dimanche après-midi dans les jardins de l’Alameda Central.
Il y peint plusieurs personnages importants de l’histoire du Mexique, Zapata, Porfirio Diaz, Maximilien Ier, Hernán Cortés, José Marti, sans oublier sa femme, Frida Kahlo. Lui-même s’y représente enfant, donnant la main à un squelette féminin coiffé d’un chapeau à plumes, placé au centre de la fresque. Personnage le plus populaire du Mexique, La Catrina donne le bras à son « inventeur », l’illustrateur José Guadalupe Posada (1852-1913). En le plaçant au centre de sa composition, Rivera considère Posada comme l’artiste le plus important du pays, « l’égal de Goya », disait le peintre. De fait, il l’est. Né à Aguascalientes, Posada étudie à l’Académie des arts et métiers locale. Graveur, il travaille d’abord à León, mais une inondation détruit son atelier et le pousse à partir à Mexico. Son talent est déjà là, comme le souligne la spécialiste de l’artiste Laetitia Bianchi, qui a exhumé cette note parue dans un journal lors de l’arrivée de l’artiste à Mexico en 1888 : « Nous devinons en Posada le plus grand caricaturiste, le plus grand dessinateur du Mexique. » Et l’éditorialiste de deviner juste. À Mexico, Posada s’associe à l’éditeur Antonio Vanegas Arroyo. Ensemble, ils vont inonder le marché de dessins essentiellement réalisés à la gravure sur métal – on parle de plus de 15 000 gravures, dont un grand nombre a aujourd’hui disparu. Illustrations de faits divers, de gazettes, d’affiches, de cuadernillos, ces petits livres illustrés bon marché… Posada fait chaque fois preuve d’invention et d’une parfaite maîtrise de son art, allant même jusqu’à signer ses planches. L’artiste n’est ni le premier ni le seul graveur de son temps, mais il est indéniablement le meilleur, à tel point qu’on lui attribuera après sa mort l’invention de La Catrina, que l’on doit pourtant probablement à son prédécesseur Manuel Manilla (1830-vers 1900). À Épinal, l’exposition que lui consacre le Musée de l’image n’est certainement pas définitive, mais elle est importante, tant Posada mérite d’être mieux connu en France – ironie de l’histoire, c’est un Français, Jean Charlot, qui l’a redécouvert au Mexique dans les années 1920. Elle présente certes ses calaveras, ses images de la mort qui ont fait sa réputation, mais aussi d’autres pans inconnus de son œuvre : ses caricatures de jeunesse, ses illustrations de commande, etc. Elle est pour cela incontournable.
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Incontournable Posada
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°752 du 1 mars 2022, avec le titre suivant : Incontournable Posada