Profitant de son jumelage avec la ville de Rome et de la fermeture des Musées capitolins, la Mairie de Paris a voulu évoquer la fameuse villa d’Hadrien à Tivoli. Si les œuvres présentées sont
souvent d’une qualité exceptionnelle, l’exposition est d’abord une invitation au voyage.
PARIS - Un domaine d’au moins cent hectares, un palais, une ancienne villa d’époque républicaine, le Sérapeum, deux bibliothèques (Latine et Grecque), le Théâtre maritime, les petits et grands Thermes, le Canope, le temple de la Vénus de Cnide, un théâtre grec, des centaines de statues, la villa d’Hadrien à Tivoli est sans doute l’un des plus spectaculaires complexes architecturaux de l’Antiquité. L’évoquer dans une exposition – a fortiori si loin de son implantation – peut paraître présomptueux.
Il y a bien, dans la première salle, la grande maquette appartenant au Musée de la civilisation romaine, mais elle ne peut rendre compte de la variété et de l’inventivité des solutions constructives mises en œuvre sous la direction d’Hadrien lui-même, rare exemple d’empereur-architecte, pendant plus de vingt ans, de 117 à 138 ap. J.-C. De plus, il n’aurait pas été inutile d’offrir aux visiteurs une carte légendée de ce site si complexe.
Anthologie architecturale, la villa était également un véritable musée de sculptures, pour lequel l’empereur avait fait réaliser des copies d’après l’art grec. Si les artistes se contentaient souvent d’une simple imitatio, ils osaient parfois l’interpretatio, quand ils n’y voyaient pas l’occasion d’une saine aemulatio. Le Faune ivre, en marbre rouge, est un exemple du désir des sculpteurs d’Hadrien de rivaliser avec leurs prestigieux prédécesseurs.
Parmi les œuvres qui ont fait le voyage à Paris, les styles les plus divers se côtoient : le style sévère avec le Pugiliste de Dresde, le classique avec l’Arès ou la statue de l’Érechthéion, l’alexandrin avec l’Harpocrate. La villa contenait d’autres trésors, telle la célébrissime mosaïque des Colombes, la seule mentionnée par Pline dans son Histoire naturelle. L’original ne pouvant être déplacé, les commissaires de l’exposition ont obtenu le prêt de la première copie de ce chef-d’œuvre, réalisée avec un certain talent au XVIIIe siècle.
Redécouverte à la Renaissance, la Villa Adriana n’a cessé de passionner artistes et architectes, qui pour ses visions romantiques de ruines rongées par la végétation (Clérisseau, Fragonard), qui pour ses audacieuses solutions constructives. Nul doute que Robert Adam, dont quelques dessins figurent dans l’exposition, y a trouvé à la fois des modèles et des sujets de méditation sur la grandeur de son art. De même, le sculpteur Augustin Pajou a vu dans les statues de la villa des sujets de choix pour l’exercice du dessin.
"Hadrien, architecte et empereur" sera le thème du colloque qui se tiendra en marge de l’exposition, les 19 et 20 novembre, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne.
Jusqu’au 19 décembre, Mairie du Ve arrondissement, 21 place du Panthéon, 75005 Paris, tél. 01 43 29 21 75, tlj 11h-17h45, dimanche 14h-17h45. Catalogue, Electa.
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Hadrien pour mémoire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°90 du 8 octobre 1999, avec le titre suivant : Hadrien pour mémoire