PARIS
Vingt ans après l’exposition "Le futur est peut-être passé", organisée par le Centre de création industrielle en 1975, le Centre Georges Pompidou présente les derniers travaux de Gaetano Pesce. Une interrogation renouvelée sur les nombreux engagements philosophiques et politiques du designer de renommée internationale, inspiré par la "contre-culture" des années soixante, sert de fil conducteur à cette présentation. Spectaculaire, elle occupera les deux niveaux du forum.
PARIS. De tous les designers que l’Italie a produit au cours du dernier demi-siècle, Gaetano Pesce, né à La Spezia en 1939, est sans doute celui qui aura poussé le plus loin les expérimentations (en particulier constructives, avec la célèbre brique de résine polyester destinée à renouveler l’art de bâtir, mais aussi stylistiques et fonctionnelles), bousculant l’univers traditionnel du fonctionnalisme.
Aujourd’hui pourtant, le doute semble naître dans l’esprit du créateur : "Notre époque n’est plus, me semble-t-il, celle des points d’exclamation, mais plutôt celle des points d’interrogation", constate-t-il avec une lucidité opportune. Ce qui, en effet, faisait incontestablement sens dans les années soixante, le fait-il toujours aujourd’hui avec la même nécessité ? L’ambition initiale de renouer le lien social par un design "humanisé" a-t-elle permis de créer une civilisation plus heureuse ou bien, au contraire, a-t-elle conduit à une forme neuve d’élitisme culturel, plus à même d’égayer le Forum du Centre Pompidou que les étagères de la "ménagère de moins de cinquante ans" ?
Telles sont les interrogations de fond auxquelles l’exposition, conçue par Gaetano Pesce lui-même, souhaite nous convier.
GAETANO PESCE, LE TEMPS DES QUESTIONS, 3 juillet-7 octobre, Forum du Centre Georges Pompidou, tlj sauf mardi 12h-22h, samedi-dimanche 10h-22h. Un "livre objet", hors collection, est édité par le Centre Georges Pompidou à cette occasion.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°27 du 1 juillet 1996, avec le titre suivant : Gaetano Pesce affiche ses doutes