Art contemporain

Fauguet, bricoleur

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 19 mai 2009 - 332 mots

Enfin ! On l’attendait au tournant du prix Marcel Duchamp en 2007. Manqué. Voilà pourtant longtemps qu’on comptait sur une somme monographique dans une institution parisienne.

C’est que Richard Fauguet est de ceux dont on sollicite bien souvent l’endurante faculté d’adaptation, lui dont les œuvres assurent intelligence et remise en question aux nombreuses expositions collectives qui auront compté sur lui.

On aura vu ici et là, et depuis une quinzaine d’années, ses sculptures fragiles version vaisselle de cantine, ses découpes véniliesques de silhouettes d’œuvres dûment inscrites au panthéon de l’histoire, ses tables de ping-pong décomposant les trajectoires de la petite balle blanche façon Marey, sa reprise d’un parangon du design en grosses tuyauteries de cheminée, ses chiens moléculés en ampoules, ses délicats dessins sur lasagnes Buitoni ou aquarelles sur rince-doigts. Une boîte à outils si désinvolte et remuante qu’il lui faut sans cesse commencer par se justifier de cette hétérogénéité qu’on lui veut à tout prix de principe.

Une telle lecture tient pourtant mal. « Une chose en pousse l’autre », pirouette Fauguet. Et c’est aussi la généreuse lecture que promet la copieuse exposition du Plateau : le travail du Castelroussin – obstiné –  a beau manier la nouveauté à chaque nouvelle proposition, c’est bien d’un travail logique et diablement ficelé qu’il s’agit. En sous-texte : pas de volonté programmatique mais un retour sur la simple possibilité de générer des formes, mêmes saugrenues en puisant dans l’histoire de l’art comme dans la culture populaire tendance plouc.

En flâneur vigilant et pressé, Fauguet tente. Il cite, enregistre, colle, télescope, combine, emboîte, bricole, et par-dessus tout, dessine. Ça tient par le dessin, ça tient à coup de tétines de silicone ou de Vénilia. Ça tient tant bien que mal et c’est bien bon. Parfois branluche, toujours cultivé et au passage ça en profite pour lessiver nos habitudes culturelles visuelles. On se réjouit d’avance.

« Richard Fauguet », Le Plateau, Frac Île-de-France, place Hannah Arendt, Paris XIXe, www.fracidf-leplateau.com, du 4 juin au 9 août 2009.

Légende Photo : "Sans titre" (2003) - aspirateurs à fumée et tuyaux de cheminée en acier anodisé - collection FRAC Ile-de-France

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°614 du 1 juin 2009, avec le titre suivant : Fauguet, bricoleur

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