Né en 1961, Fabrice Hyber est l’un des plasticiens majeurs de sa génération. Il expose actuellement au Mac/Val, au Palais de Tokyo et à la Fondation Maeght.
L’œil : En 1979-1980, au moment de l’exposition de Dalí, vous étiez tout juste entré à l’École des beaux-arts de Nantes. L’avez-vous vue ?
Fabrice Hyber : Oui, et je me souviens plus ou moins d’une grande cuillère qu’il y avait dans le hall d’entrée avec un morceau de pain dedans. J’avais trouvé cela fantastique, mais ce qui m’a surtout frappé, c’est l’incroyable prolifération de signes et de formes d’interventions dont Salvador Dalí était capable.
Que connaissiez-vous alors de lui ?
J’avais une image cliché du personnage, un peu comme tout le monde, avec son côté excentrique. Par la suite, j’ai découvert tout ce qu’il avait fait avec les entreprises et cette façon bien à lui de contribuer en tant qu’artiste au développement de leur communication, que ce soit avec le chocolat Lanvin, les lunettes Ray-Ban, les artisans boulangers, les pêcheurs bretons…
Pensez-vous que cela a influencé votre propre démarche ?
Non, pas vraiment. Mais cela m’a confirmé dans mon attitude, au même titre que l’exemple de Warhol. Le monde de l’entreprise, tel qu’ils l’ont appréhendé, offre un espace de liberté, ce que j’ai toujours recherché dans mon travail…
Certaines de ses œuvres vous ont-elles plus particulièrement frappé ?
J’ai toujours été intéressé par celles qui présentent des codages différents, des personnages de différentes tailles, bref, tout ce qui est hors d’échelle. Son talent si souvent encensé de peintre ne m’a jamais fasciné. En revanche, je l’ai davantage été par les paysages mentaux qu’il a imaginés. C’est ce que j’essaie de faire dans mes tableaux, de rendre visible une pensée par un paysage…
Et le côté performatif du personnage ?
Je n’y ai pas été insensible, mais ce n’est pas mon mode. Ce qui m’intéresse, c’est d’imaginer une structure, de comprendre comment fonctionne un système et de mettre en place des règles de jeu, mais pas de jouer.
Vous sentez-vous redevable à Dalí d’une autre qualité ?
Le fait de ne pas être enfermé dans un milieu. Dalí était socialement très fort. Cela lui a permis d’aborder et d’intégrer plein de milieux différents, aussi les gens ont vu en lui plein de possibilités. Dalí n’était pas un être cloisonné.
En quoi l’art de Dalí peut-il aujourd’hui passer pour exemplaire, voire servir de modèle ?
Pas tant pour une question de forme que pour tout ce qui touche la question des attitudes. Un trop grand nombre de ses formes ont été frelatées à force d’avoir été transcrites dans des produits dérivés. Si cela lui a permis d’alimenter les réseaux, cela ne lui a pas forcément été bénéfique. L’art de Dalí est surtout exemplaire par son côté proliférant.
Voir la fiche de l'exposition : Dalí
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Fabrice Hyber « Dalí m’a confirmé dans mon attitude »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°650 du 1 octobre 2012, avec le titre suivant : Fabrice Hyber « Dalí m’a confirmé dans mon attitude »