Les images de Marina Gadonneix, exposées au Point du Jour, sont issues ou inspirées de dispositifs destinés à reproduire ou figurer une réalité.
CHERBOURG-OCTEVILLE - Jusqu’au début janvier, on pouvait découvrir à la galerie Michèle Chomette, à Paris, la dernière série de Marina Gadonneix, « After the Image ». Cette suite de photographies porte sur le dispositif mis en place en studio pour la prise de vue d’une œuvre d’art après que cette dernière a été retirée du plateau. Du vide laissé par un mobile d’Alexander Calder, un « bâton » d’André Cadere, une toile de Lucio Fontana, ou une photographie de Lynne Cohen, naît une nouvelle image porteuse de volume, de détails, d’ombres et de lumières sur des fonds de papier blanc lisse, froissé ou déchiré. Par la structure et la composition du dispositif de la prise de vue, la photographie qui en résulte flirte avec l’abstraction, la sculpture, voire pour certaines avec l’histoire de l’art ou de la photographie. La reproduction de Clipped Branches de Jeff Wall achevée, ce qui reste (le fond blanc en papier, les supports lumineux) forme une nouvelle photographie dont l’écran blanc ramène à la série « Theaters » de Hiroshi Sugimoto. Toutefois, chaque image de Marina Gadonneix fait œuvre dans un épurement de moyens confondant.
C’est la première fois que les fondateurs du centre d’art, Béatrice Didier, David Barriet et David Benassayag, exposent un auteur venu leur présenter spontanément son travail. Dans les vastes espaces du centre d’art Point du Jour, à Cherbourg-Octeville (Manche), « After the Image » donne le ton d’un travail qui démontre sa grande cohérence plastique. Il y a du sculpteur dans l’œil et le geste de Marina Gadonneix, une maîtrise parfaite des espaces, des volumes, de la lumière et de la couleur tant dans l’image finale que dans l’installation des trois autres séries exposées, de « La Maison qui brûle tous les jours » (2008-2010) à « Landscapes » (2012) et « Phénomènes ». Cette dernière série, commencée depuis deux ans et jamais montrée, est relative aux laboratoires de recherche scientifiques où sont reconstitués des phénomènes météorologiques et autres catastrophes naturelles (tornade, foudre, avalanche, vagues, séisme, incendies…). Des images qui basculent invariablement par la prise de vue dans une autre forme narrative sans jamais faire disparaître le dispositif de l’expérience, dispositif que le spectateur perçoit en regardant attentivement. Il est vrai que depuis sa sortie en 2002 de l’École nationale supérieure de la photographie, à Arles, Marina Gadonneix joue avec brio de l’illusion, des volumes et des couleurs.
Commissaires : Marina Gadonneix et Le Point du Jour
Nombre d’œuvres : 39 tirages
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Expérimentation - Phénomènes et phénoménologie
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°451 du 19 février 2016, avec le titre suivant : Expérimentation - Phénomènes et phénoménologie