Italie - Art moderne

Et Picasso vit l’antique à Naples

NAPLES / ITALIE

Le peintre a été marqué par son voyage dans la cité parthénopéenne. Naples retrace l’histoire de ce choc esthétique dans les lieux où il s’est produit.

Naples. Picasso fait son retour en Italie. Le Musée archéologique national de Naples (MANN) accueille l’unique exposition officielle consacrée à l’artiste dans la Péninsule à l’occasion des célébrations du cinquantenaire de sa disparition, en 1973. En cette période d’inflation des grandes expositions où un « grand nom » destiné à attirer le public prime sur le projet scientifique, « Picasso e l’antico » fait figure d’exception. Les visiteurs peuvent constater ici la profonde influence que l’art antique a exercée sur son œuvre. Celle-ci est parfaitement connue et documentée depuis le voyage que Picasso effectua dans la cité parthénopéenne et à Pompéi en 1917. Une visite de l’Italie dont les effets seront explicites dans la plupart de ses dessins réalisés jusqu’en 1925 et dans sa production graphique des années 1930. Cette exposition dans les lieux mêmes où ce virage artistique a trouvé son origine a le mérite de le réaffirmer d’une façon qui n’est pas purement rhétorique.

C’est en effet en visitant les vestiges de Pompéi mais surtout le Musée archéologique de Naples que le maître du cubisme éprouve un véritable choc esthétique. Dans ces mêmes salles arpentées par le visiteur contemporain, il y admire les statues antiques de la Collection Farnèse, en particulier l’Hercule [voir ill.], une sculpture en marbre de plus de 3 mètres de haut.

Monumentalité et sensualité

La première partie du parcours, qui retrace ce séjour et permet de découvrir à quoi ressemblait le musée au moment de cette visite, présente un intérêt documentaire assez limité. Il n’en va pas de même de la deuxième partie qui permet de constater ce dialogue entre le monde de l’Antiquité et les œuvres d’un Picasso plus marqué par la monumentalité et la sensualité cachée de ces statues que par leurs formes et proportions. L’exposition offre une comparaison exceptionnelle en raison notamment des prêts consentis par des institutions étrangères. Le British Museum de Londres a ainsi envoyé 37 des 100 estampes qui composent la « Suite Vollard », des gravures exécutées entre 1930 et 1937. Un ensemble de 43 œuvres graphiques provenant du Musée Picasso de Paris et de la galerie Gagosian à New York enrichissent « un dialogue raffiné dans une symétrie que nous étions le seul musée au monde à pouvoir présenter, s’enorgueillit Paolo Giulierini, le directeur du MANN. L’exposition rappelle l’absolue continuité de la pensée artistique qui s’élabore au fil d’héritages et de reprises innovantes ». Celles de Pablo Picasso dans le droit-fil de son séjour napolitain sont présentées dans une scénographie sobre et élégante. Inutile d’en faire plus tant la majesté des vastes espaces du musée s’impose au visiteur.

Ce dernier pourra également profiter de la récente réouverture des salles de l’aile occidentale fermées depuis cinquante ans. L’espace d’exposition du MANN est ainsi doublé avec 2 000 mètres carrés qui abritent 240 œuvres provenant essentiellement des monuments publics de Pompéi et d’Herculanum. Un ensemble qui complète les collections pompéiennes exposées aux étages supérieurs et qui proviennent de demeures privées.

Picasso e l’antico,
jusqu’au 27 août, Musée archéologique national, Piazza Museo 18/19, Naples.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°611 du 12 mai 2023, avec le titre suivant : Et Picasso vit l’antique à Naples

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque