VENISE / ITALIE
Elle n’a pas remporté le Lion d’or du meilleur pavillon, mais tout au moins son installation Deep See Blue Surrounding You (Vois ce bleu profond te fondre) a-t-elle suscité un bouche-à-oreille enthousiaste dès les premières heures de la Biennale. On a retrouvé à Venise l’univers de Laure Prouvost fidèle à lui-même.
Un décor de ressac contemporain, téléphones portables cassés voisinant avec des coquilles d’œufs, cigarette glissée au bec d’un pigeon, factice, comme la salade verte en verre ou l’octopus flottant à la surface des choses. Au centre du pavillon, un film annoncé comme un road trip déjanté, à regarder au choix, sur un tapis moelleux ou juché sur des assises en forme de récifs subaquatiques. L’artiste avait confié, en mars, le long labeur consistant à couper et à monter les heures de cette vidéo tournée entre Roubaix et Marseille. Elle s’interrogeait alors sur la possibilité de « laisser la langue de côté pour laisser parler les sensations pures, cette mer bleue qui englobe complètement : est-ce qu’on peut sentir le monde en le touchant, le penser en le touchant ? » Découvrir le résultat dans le contexte vénitien induit un certain réconfort autant qu’une déconvenue. Le Pavillon français échappe à de nombreux écueils dans lesquels échouent les autres compétiteurs nationaux, trop souvent démonstratifs ou abscons. On l’apprécie comme un coulis d’air frais dans une atmosphère saturée. Mais, à défaut de proposer un nouveau langage, l’expérience ne va pas plus loin.
Giardini, Venise (Italie), www.labiennale.org
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°725 du 1 juillet 2019, avec le titre suivant : Escale au Pavillon français