Édouard Vallet - De l’altitude dans le dessin

À leurs yeux, le bourg montagnard se dresse comme un dernier rempart contre la modernité industrielle et urbaine de l’époque. Le Musée d’art du Valais revient sur cette épopée ethnographique et artistique en présentant, pour la première fois au public, les dessins d’Édouard Vallet (1876-1929), chantre de cette « école de Savièse », curieusement méconnue outre-monts.  

La cinquantaine de dessins exposés retrace le parcours de l’artiste genevois, de sa formation aux années valaisannes (1892-1928). Vallet prend très jeune la clef des champs pour battre la campagne, carnet et crayon en poche. Selon une mise en page originale, il capture les gestes du quotidien de son entourage. Un paysan berce son enfant que l’artiste n’a pas jugé utile de dessiner. Cette absence volontaire sublime le geste paternel et lui confère cette portée universelle et ancestrale héritée de Jean-François Millet et de Giovanni Segantini.

La puissance iconique de ses dessins de figures préserve Vallet des schémas stéréotypés de la chronique réaliste ou du pittoresque. Ses paysages partagent cette justesse. Il atteint des sommets avec ses représentations de montagne. Le mont Vercorin, vu en direction des Alpes bernoises, devient au fil des ans son motif de prédilection. Sa vision, de plus en plus synthétique avec l’âge, le rallie à l’histoire du primitivisme rural européen, aux côtés de Gauguin et de Hodler, dont il assume, sans complexe, la filiation.