C’est en quelque sorte la fable de La Cigale et la Fourmi que l’on rejoue aujourd’hui dans les grands musées américains. Les flambeurs d’hier ne sont plus à la fête depuis que la conjoncture économique ne leur sourit plus. Premiers touchés : la fondation Guggenheim et ses multiples musées. À la veille de la nouvelle année, un communiqué enterrait définitivement le projet d’un second musée Guggenheim à Manhattan, sur lequel travaillait déjà d’arrache-pied l’architecte Frank Gehry. Thomas Krens, directeur de la fondation et flamboyant démiurge de la multiplication des musées Guggenheim, devait reconnaître la construction de celui-ci « irréaliste » pour le moment. C’est peu dire d’un projet dont le coût est estimé à six cent quatre-vingts millions de dollars. Cette annonce vient après d’autres échecs tout aussi spectaculaires, dont la fermeture du musée Guggenheim de Las Vegas, construit par Rem Koolhaas et ouvert en grande pompe il n’y a pas plus de quinze mois. Il restera fermé jusqu’à ce qu’un généreux sponsor se manifeste pour le soutenir financièrement. Il faut dire que Thomas Krens est assis sur un siège éjectable depuis que Peter Lewis, président de la fondation Guggenheim et par ailleurs richissime magnat de l’assurance automobile, a annoncé qu’il offrirait de sa poche douze millions de dollars à l’institution pour rééquilibrer ses comptes au plus vite, mais à la condition expresse que Krens rabote de moitié son budget de fonctionnement pour 2003, désormais réduit à vingt-quatre millions. Mot d’ordre : il faudra faire mieux avec moins.
(Cf. « Le retour de l’architecte démiurge », pp. 46-53.)
Mais, malgré le refroidissement économique, tous les musées américains ne connaissent pas le même revers de fortune et beaucoup poursuivent avec succès leurs ambitions et leur agrandissement. La Dia Art Foundation, déjà dotée d’un important espace d’exposition à New York, ouvrira le 18 mai un nouveau musée dans une ancienne imprimerie sur les berges de l’Hudson, à Beacon, à une centaine de kilomètres au nord de New York. Un site grandiose pour exposer les collections de cette fondation qui s’est offert les plus grands noms de l’art américain des années 1970 jusqu’à aujourd’hui. L’Institut d’art contemporain de Boston, le plus ancien du pays, avait annoncé son déménagement dès 2000 et dévoile enfin le projet d’un nouveau bâtiment de 5 000 m2 sur le front de mer qui ouvrira en 2005. Confié à Elizabeth Diller et Ricardo Scofidio, le projet est exposé à l’ICA jusqu’au 27 avril. En 2005 également, le New Museum of Contemporary Art devrait emménager dans de nouveaux locaux, à New York. L’annonce de cette relocation a été faite en décembre dernier mais aucun nom d’architecte n’est encore avancé. On sait seulement que le prochain New Museum sera situé sur le Bowery, à quelques rues à peine de sa location actuelle, mais qu’ il doublera sa surface d’exposition. À New York encore, se poursuit dans le quartier de Chelsea, la construction, pour soixante millions de dollars, du Rubin Museum of Art, un musée de 6 000 m2 entièrement voué à l’art de l’Himalaya et du Tibet qui ouvrira ses portes en 2004.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Du mouvement dans les musées
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°544 du 1 février 2003, avec le titre suivant : Du mouvement dans les musées