Jeux Olympiques

Dix jours en bouteille : la performance olympique d’Abraham Poincheval

Par Sara Genin · lejournaldesarts.fr

Le 30 juillet 2024 - 535 mots

PARIS

L’artiste recycle sa « Bouteille » géante, dans laquelle il s’enferme sur les quais du canal Saint-Denis jusqu’au 3 août. 

Bien connu pour ses performances artistiques extrêmes, Abraham Poincheval va réitérer une expérience claustrophobique, cette fois-ci dans une bouteille géante installée sur les quais du Canal Saint-Denis, en contrebas du Stade de France. L’artiste va rester ainsi embouteillé dix jours, et sortira le 3 août dans la matinée. 

Après avoir récupéré la bouteille chez ses parents en Mayenne, Poincheval a débuté sa performance jeudi 25 juillet sur les quais qui font face au stade olympique. La bouteille géante fait 6 mètres de long et 1,90 mètres de diamètre, juchée sur une petite barque. Très rudimentaire, l’espace a été aménagée pour être auto-suffisant en eau et en nourriture, et conçu pour permettre à l’artiste de vivre en autarcie pendant les 10 jours de la performance. 

Un semblant de mobilier, un lit de fortune et des toilettes sèches : le performeur bénéficie d’un confort spartiate. Avec cette performance, il entend proposer une forme de résistance poétique à la frénésie des Jeux Olympiques par un éloge de l’immobilité. « La bouteille, par sa dimension, (…) trouble l’échelle du paysage et nous donne à redécouvrir, à rêver, un territoire familier », explique-t-il.  

Issue d’une commande publique de Plaine Commune, établissement public territorial (EPT) de Seine-Saint-Denis, la performance a été coproduite par le centre d’art le Cneai = et Ilotopie. Le flacon dans lequel s’est glissé l’artiste avait déjà été utilisée lors de deux précédentes performances : « Bouteille », sur une plage de Camargue en 2015, et « Grand Crue », une remontée du Rhône en bouteille durant l’été 2016. A Saint-Denis, le voyage de l’artiste sera immobile, le récipient posé sur un tapis végétal flottant : initialement imaginée pour parcourir le canal Saint Denis, la performance reste finalement à quai, le trafic fluvial risquant de perturber la navigation de l’embarcation de fortune. 

La bouteille géante fait partie des « Victoires », un parcours d’œuvres se voulant écoresponsable, commandées par le département pour mettre à l’honneur le Canal Saint-Denis lors des Jeux. La performance est inscrite au calendrier des Olympiades Culturelles, programmation artistique et culturelle pilotée par Paris 2024 jusqu’au 8 septembre. Non loin de La Bouteille d’Abraham Poincheval, les œuvres des cinq autres artistes sélectionnés sont présentées : Charlotte Denamur, Mathieu Lorry Dupuy, Flora Moscovici, Victoria Klotz et Lucy+Jorge Orta. 

L’artiste, explorateur et « claustrophille » assumé, est un habitué des performances spectaculaires. A son actif, il compte notamment (Dans la peau de) L'Ours où il s’est enfermé dans un ours empaillé pendant treize jours ou encore La Pierre, un sarcophage minéral dans lequel il s’était confiné durant sept jours au Palais de Tokyo.

« Pourquoi une bouteille au canal ? Comme l’eau irrigue le territoire, " la bouteille à la mer " est un objet de récit » explique l’artiste. Si le récit en question peut apparaître aussi trouble que l’eau du canal, Abraham Poincheval détaille plusieurs fils narratifs autour de cette image, comme les échanges entre assiégés via le Canal Saint-Denis lors de la guerre franco-prussienne de 1870 ou encore La Planète des Singes de Pierre Boule. Pour en savoir plus, rendez-vous jusqu’au 3 août sur les quais de Seine, où l’artiste pourra répondre aux interrogations du public à travers un système de tuyau. 

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