Chagall à tout sens

Il a construit son identité artistique autour de son passé judéo-russe et de sa culture parisienne. Sa peinture est pétrie de mythologie personnelle, folklorique, colorée, fantaisiste, moderne. Au cours de sa carrière, il a créé un monde singulier ou plutôt des mondes entrecroisés et entremêlés aux allures de spectacle rêvé, de cirque burlesque, de parade colorée où objets, personnages, fantasques et familiers, présents dans des paysages complexes défient les lois de la gravitation, dérivent avec tendresse et humour, virevoltent de tous côtés en formant des images sens dessus dessous qui transgressent les représentations habituelles.

Ce monde renversé est le fruit d’une vision qui s’est construite autour de plusieurs axes. La « révolution » dans tous les sens du terme : celle d’octobre 1917 à laquelle Chagall prit part et celle du mouvement physique des corps et des objets en rotation. La religion juive avec le chaos, la confusion des éléments avant que Dieu créateur ne les ordonne en les séparant. L’errance du peuple juif enfin avec l’image récurrente du juif vagabond. Elle est aussi celle de Chagall qui arpente la surface de toile comme on arpente contrées et pays. Toutes ces charges symboliques s’opposent dans un univers hybride que Chagall s’ingénie à déconstruire en opérant toutes les distorsions, faisant de la toile un champ ouvert à toutes les expérimentations. Pour le vingt-cinquième anniversaire de sa mort, le musée Chagall de Nice lui rend un hommage « sens dessus dessous ».