Roubaix (59)

Chagall gagne en volume

La Piscine Musée d’art et d’industrie André Diligent - Jusqu’au 13 janvier 2013

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 9 novembre 2012 - 416 mots

Les expériences artistiques furent multiples tout au long de la vie de Marc Chagall (1887-1985). Gravures, arts de la scène, céramiques, sculptures, vitraux et collages sont pourtant encore largement méconnus, peu montrés et étudiés bien que composantes de l’œuvre du peintre.

En les embrassant dans leur ensemble par le prisme de la question du volume et en montrant leurs correspondances et influences réciproques, Bruno Gaudichon, commissaire de l’exposition, fait émerger, avec la complicité de la famille Chagall et en partenariat avec le Dallas Museum of Art, un entrelacs de liens, de ramifications et d’hybridations constant, entraînant dans une relecture de l’œuvre dynamique et marquante. Pas à pas, chronologiquement, le propos se construit fort de prêts exceptionnels, pour certains exposés pour la première fois. Tels les costumes originaux du ballet Aleko inspiré des Tziganes de Pouchkine sur un Trio en la mineur de Tchaïkovski dont Chagall signa aussi le décor et l’adaptation et que révélèrent en 1942 la générale au Palacio de Bellas Artes de Mexico ; des extraits d’un film en livrent d’ailleurs les images.

Des toiles futuro-cubistes ou fauves du début du XXe siècle – marquées par le célèbre Double Portrait au verre de vin qui ouvre en préambule l’exposition avec en miroir quatre autres toiles de cette période – aux collages des dernières années – eux aussi rarement montrés –, la traversée temporelle construit pas à pas son propos, donne des repères et bouscule l’image du peintre d’aplats qui s’est imposée de Chagall en commençant par les prémices : les arts de la scène et les créations de décors et costumes pour le théâtre juif au début des années 1920, puis en prolongeant avec Aleko et le voyage au Mexique, où Chagall découvrit l’art préhispanique et le folklore mexicain, sources d’inspiration et d’hybridation que porteront L’Oiseau de feu et l’œuvre céramique entamée en 1948, après le retour en France. Pierre tombales et bas-reliefs renvoient quant à eux à l’influence de l’art roman.

Derrière ces œuvres pointe l’homme. « Marc Chagall aimait la vie, il aimait la richesse des paysages, de la nature, des formes, des matières et des couleurs qui l’avaient entouré dès sa petite enfance. Toucher chaque volume, chaque texture, lui était indispensable », écrit Bella Meyer, petite-fille de l’artiste, dans le catalogue de l’exposition (éditions Gallimard). Une manière d’être au monde qui prend ici toute sa dimension.

Voir « Marc Chagall. L’épaisseur des rêves »

La Piscine Musée d’art et d’industrie André Diligent, 23, rue de l’Espérance, Roubaix (59), Lien externe : www.roubaix-lapiscine.com

Voir la fiche de l'exposition : Marc Chagall. L'épaisseur des rêves

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°652 du 1 décembre 2012, avec le titre suivant : Chagall gagne en volume

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