Ces artistes Chinois qui (re)visitent Paris

La centaine de peintures et de gravures réunies dans l’exposition du Musée Cernuschi rend hommage à toute une génération d’artistes chinois qui, dans les années 1920 et 1930, vinrent se former à Paris. « Le séjour de ces artistes provoqua une profonde rupture avec la peinture chinoise et fît naître de nombreuses  formes de synthèses entre l’art de ces deux pays », explique Éric Lefèbvre, conservateur des collections chinoises du musée. S’ils apprennent en France à manier la brosse et à broyer les couleurs à l’huile, ces artistes ne délaissent pas pour autant leurs paysages de montagne et leurs fleurs de lotus, leurs formats verticaux ou le travail à l’encre de Chine, figure majeure de la peinture chinoise du XXe siècle. 

Liu Haisu adopte la technique du plein air dans La Neige au jardin du Luxembourg (1933) et continue à peindre les célèbres rives du lac de l’Ouest en mélangeant subtilement les techniques. Pan Yuliang, cette femme artiste dont la vie fut maintes fois romancée, revisite le thème du nu en donnant à ce genre très codifié en France un style plus délié et poétique.  Après avoir été formés en France, Xu Beihong et Lin Fengmian retournèrent dans leur pays pour former une nouvelle génération d’artistes, parmi lesquels  Zao Wou-Ki et Chu Teh-Chun. Les œuvres de ces deux derniers grands maîtres de l’art contemporain chinois, dont la cote ne cesse de s’envoler, clôturent en beauté l’exposition qui se poursuit dans le parc Monceau par une série d’installations et de sculptures originales des principaux artistes contemporains actifs à Paris.