Figure singulière de la photographie française, Bernard Plossu poursuit son discret parcours voyageur. À Sotteville-lès-Rouen et Strasbourg, deux institutions lui rendent simultanément hommage.
À Strasbourg, un large coup d’œil dans le rétroviseur sous forme de rétrospective. Au Frac Haute-Normandie, un regard resserré sur l’un des corpus majeurs du parcours de Plossu : les paysages américains enregistrés dans les années 1970 et 1980.
À soixante-deux ans, Plossu est de ceux qui poursuivent leur chemin feutré sans fléchir. Sans que mouvances, territoires ou contextualisation théorique ne viennent déranger sa manière fluide et solitaire, sa liberté solaire de ton et d’image. Ni photoreportage ni photoplasticien, le travail de Plossu se confond avec son mode de vie. « On ne prend pas une photographie, on la voit », explique-t-il.
Être bien chaussé
Autodidacte piqué par le virus de l’image dès l’âge de onze ans, puis jeune amoureux de la Nouvelle Vague, Plossu se fait photographe et voyageur dès 1958. Il n’en oubliera pas pour autant d’être passeur. Livres (plus de soixante monographies), revues, correspondances, expositions, rencontres, il se fait notamment l’intermédiaire entre la France et les États-Unis dès la fin des années 1960. Dans les années 1970, alors que le média cherche ses marques et entreprend d’émanciper ses pratiques, Plossu suit les expérimentations autour de la maison d’édition Contrejour, aux côtés de Claude Nori, Gilles Mora et Denis Roche ou participe encore à la mouvance « photobiographique » avec Les Cahiers de la photographie, dans les années 1980.
Plossu voyage, seul ou en famille, en Californie – aux côtés de beatniks – en Inde, en Égypte, explore les îles grecques ou italiennes, les étendues désertiques, randonne sur les sentiers des Alpes et des Pyrénées. Et, à n’en pas douter, la pratique de la photographie se fait aussi naturelle, nécessaire et légère chez lui que de respirer. Ou de marcher.
Son univers visuel alterne paysages urbains ou sauvages et temps autobiographiques. Scènes riantes d’enfants cueillies au gré de ses voyages, longues jambes nues, passantes parisiennes, cailloux secs de déserts lointains, celui qui, à vingt ans déjà, photographiait le Mexique avec une douceur et une attention rares, s’attarde sur des détails en guise d’immensité. Il construit simplement, légèrement, un noir et blanc sensible, parfois brumeux au grain épais. « Je suis, comme photographe, aime-t-il à dire, un observateur d'instants non décisifs ».
Informations pratiques • « Bernard Plossu, So Long » jusqu’au 4 mars 2007. Frac Haute-Normandie, Trafic, 3, place des Martyrs-de-la-Résistance, Sotteville-lès-Rouen (76). Entrée libre du mercredi au dimanche de 13 h 30 à 18 h 30 sauf les jours fériés. Tél. 02 35 72 27 51, www.frachautenormandie.org • « Bernard Plossu. Rétrospective 1963-2006 » du 16 février au 27 mai 2007. Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg, 1, place Hans-Jean-Harp. Ouvert du mardi au samedi de 11 h à 19 h, le jeudi de 12 h à 22 h, le dimanche de 10 h à 18 h, fermé le lundi. Tarifs : 5 et 2,50 €. Tél. 03 88 23 31 31, www.musees-strasbourg.org
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Bernard Plossu, photo voyageur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°588 du 1 février 2007, avec le titre suivant : Bernard Plossu