Deux expositions, pas moins, célèbrent le photographe Bernard Plossu et son addiction au cinéma. Pour cet enfant adoptif de Marseille, où il a posé ses valises au début des années 1990, l’histoire d’amour avec le septième art a commencé dans les années 1960 alors qu’il fréquentait assidûment les fauteuils de la cinémathèque.
Né au Viêtnam en 1945, Plossu avait déjà dans le sang un goût appuyé pour le voyage et le vagabondage, lui qui, adolescent en 1958, avait traversé le Sahara avec son père. À 20 ans, il rendit visite à ses grands-parents à Mexico et réussit à intégrer une expédition ethnographique dans la forêt vierge du Chiapas. Il y perdit sa caméra super-huit. Un premier pas vers la photographie.
Après avoir fixé sur négatif la silhouette fascinante de sa muse Michèle Honnorat au début des années 1960 (certaines de ces photographies sont exposées à Aix-en-Provence), Plossu explore à nouveau le Mexique. Ce sera le Voyage mexicain (1965-1966), qui donnera son titre à un film, un livre publié en 1979 et une série de photographies qui lui apportent alors une reconnaissance durable.
Ce premier axe constitue celui de l’exposition visible à la Non-Maison, galerie aixoise. Le Fonds régional d’art contemporain PACA s’est, quant à lui, réservé pas moins de cent cinquante images et deux films inédits tout en programmant dans un cinéma de la ville d’autres projections.
Concentrée sur la problématique du cinéma et surtout le geste du travelling, une construction qu’affectionne le photographe comme le montre Le déroulement du temps, l’exposition déroule ainsi différentes séries. Et notamment celle sur Les Cinémas de l’Ouest américain, réalisée dans les années 1970, qui rassemble dans un noir et blanc acéré des façades parfois grandioses du fin fond de l’Arizona, du Nouveau-Mexique et de la Californie. Dans le film Almeria, la Isleta del Moro (1990), l’œil marche dans l’Andalousie pendant cinquante minutes sans montage, tandis qu’avec Sur la voie (1997), Plossu rend hommage aux frères Lumière sur la ligne de train La Ciotat-Lyon.
Plossu, qui fut reconnu comme photographe des déserts, de la marche, qu’il pratiqua pendant quinze années dans le sud de l’Espagne, est postulé ici en homme de cinéma. Dans son œuvre si subjective, échappant aux modes et aux tendances, le regard cinématographique imprime une lecture nouvelle faisant de chaque image le début d’un film.
« Plossu cinéma, 1966-2009 », Frac PACA, 1, place Francis-Chirat, Marseille (13), www.fracpaca.orgg, jusqu’au 17 avril 2010.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Bernard Plossu, homme cinéma
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Bernard Plossu - Vu du train, Espagne, 1993 - © Bernard Plossu, courtesy galerie La Non-Maison
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°621 du 1 février 2010, avec le titre suivant : Bernard Plossu