Très attendue, l’exposition itinérante du British Museum qui illustre l’histoire de notre civilisation se pose à Valenciennes.
Valenciennes. Au départ, c’est un projet scientifique un peu fou, un exercice intellectuel auquel s’est prêté le British Museum : pour les besoins d’une émission radiophonique, le musée a sélectionné cent objets issus de ses collections pour raconter une histoire du monde. « L’idée est ridicule, d’une certaine façon », sourit, presque nostalgique, Joanna Mackle, directrice adjointe du British Museum, venue accompagner cette idée devenue une exposition itinérante à succès, arrivant pour la première fois en Europe.
Entre 2005 et 2010, Neil MacGregor, aux commandes de la vénérable institution anglaise, s’associe à la BBC pour concevoir cent émissions de radio sur cent objets choisis parmi les dix départements du musée et les 7 millions de numéros des collections. « Il y a eu beaucoup de discussions entre les équipes, quelques disputes, des nuits blanches : cela a pris trois à quatre ans de préparation », se souvient Joanna Mackle. Diffusé en 2010, le programme a connu un succès populaire immédiat avec 4 millions d’auditeurs chaque semaine. Depuis, l’idée est devenue un livre et une exposition avec une dizaine d’étapes antérieures : Chine, Japon, Australie, Abou Dhabi, Canada, Inde, et maintenant Valenciennes.
Le directeur du Musée des beaux-arts de Valenciennes l’avoue : faire venir l’exposition est un choix politique. « Lorsque j’arrive en 2015 au musée, j’ai pour mission de trouver une grande exposition sans limite budgétaire. Il faut qu’elle soit grand public et populaire », explique Vincent Hadot. Pourvue d’un budget de 3 millions d’euros et avec 150 000 visiteurs attendus (contre 40 000 à l’année en temps normal), l’exposition suscite de grandes attentes à Valenciennes.
Le parcours conçu par le British Museum est à la hauteur : le « pouvoir narratif de chaque objet, même le plus humble », selon les mots de la commissaire britannique Belinda Crerar, est bien présent. Un pilon en pierre en forme d’oiseau, venu de Papouasie-Nouvelle Guinée, résonne avec un bol en terre cuite du nord de l’Irak pour évoquer les commencements, de la naissance de l’agriculture aux arts premiers. Le propos remet les civilisations indo-européennes en perspective avec les autres continents. Le christianisme est également traité de manière relative. Il y a une réelle volonté d’universalité dans le corpus des œuvres choisies, quitte à déstabiliser notre regard européano-centré. Dommage que quelques défauts de scénographie rendent compliquée la lecture des cartels : écrits de manière simple, ils fourmillent d’histoires et d’anecdotes, éclairant les civilisations passées et celles qui perdurent.
jusqu’au 22 juillet, Musée des beaux-arts de Valenciennes, boulevard Watteau, 59300 Valenciennes.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°504 du 22 juin 2018, avec le titre suivant : 100 objets pour raconter le monde