Désigner cent objets d’une collection riche de sept millions de pièces pour évoquer une histoire du monde de deux millions d’années pouvait être considérée comme une gageure.
L’initiative du British Museum a pourtant fait ses preuves, puisqu’il a effectué avec succès une dizaine d’étapes, notamment au Japon, à Taiwan, en Australie et en Chine, dans les plus grands musées du monde. Alors, le Musée des beaux-arts de Valenciennes n’est pas peu fier d’en être cette année le dépositaire. Cette exposition menée conjointement par les deux institutions raconte non seulement une histoire à travers des objets qui parlent au plus grand nombre, mais elle entend donner également des éléments de réflexion sur ces symboles que l’homme a pensés, façonnés, utilisés. Certains sont de vrais chefs-d’œuvre : ce somptueux cristal de Lothaire de 10 cm de diamètre, symbole délicat de l’artisanat de l’Empire carolingien, rappelle que l’Escaut formait une frontière avec le royaume de Lothaire II, arrière-petit-fils de Charlemagne, ou ce camée double face offert par Charles Quint au pape Clément VII, qui confirme la paix entre le Royaume et la Papauté après quatre années de guerre. D’autres sont de simples objets du quotidien que les gens ordinaires utilisaient et qui permettent de comprendre ce qu’était leur vie autrefois, comme ce bol du nord de l’Irak à décor de têtes de taureaux qui démontre que 5 600 ans avant notre ère le bétail était domestiqué.
Cent objets pour raconter une histoire de l’humanité dans une scénographie qui se veut extrêmement pédagogique, tant les cartels sur les cimaises sont nombreux. Aux visiteurs donc de choisir leur propre voyage dans le temps et l’espace.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°713 du 1 juin 2018, avec le titre suivant : Il était une fois le monde
