Dossier

Spécial architecture

L’architecture est-elle mal aimée en France ? Selon un sondage récent, au mieux serait-elle ignorée. Pour sensibiliser nos concitoyens, le ministère de la Culture et de la Communication vient de lancer une campagne d’affichage en direction des particuliers et des élus locaux pour les inciter à faire preuve d’audace. C’est un pas dans la bonne direction, mais nul doute que cela ne suffira pas à apaiser les inquiétudes d’une profession dont l’avenir reste sombre. Récemment, trois organisations – l’Union nationale des syndicats français d’architectes, le Syndicat de l’architecture et le Conseil national de l’ordre des architectes – se sont interrogées dans une lettre ouverte sur la généralisation d’une procédure dérogatoire au code des marchés publics, celle dite de “conception-réalisation”?, qui permet à l’État de se tourner directement vers un binôme architecte/entreprise de BTP. Certes, cette procédure rend possible une construction dans des temps records, mais elle asphyxie les petites et les jeunes agences, et annihile la saine émulation des concours qui transcendent la qualité architecturale. D’autres dossiers restent en suspens, comme la loi sur l’architecture ou la réforme de l’enseignement...
Pourtant, notre pays peut s’enorgueillir d’accueillir de nombreuses agences de qualité. Sans parler des grands, comme du Besset et Lyon, Équerre d’argent 2002, des architectes comme François Roche, Décosterd & Rahm, Beckmann
N’Thépé ou Degré Zéro méritent que leur profond travail de renouvellement de la pensée architecturale ne soit pas cantonné à jamais au virtuel. Espérons que Michel Clément, nouveau directeur de l’Architecture et du Patrimoine, et le nouveau délégué qui viendra bientôt l’épauler, sauront tout mettre en œuvre pour que les mentalités de nos concitoyens évoluent. L’avenir de toute une profession en dépend.

Philippe Régnier


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