Dossier

Allemagne années 1920

Au sortir de la Première Guerre mondiale, une génération d’artistes outre-Rhin, profondément marquée par le conflit et les séquelles qu’il a laissées dans la société allemande, se tourne vers un réalisme sans complaisance qualifié de “Nouvelle Objectivité”? dès les années 1920 par l’historien de l’art Gustav Hartlaub. Puisant à une tradition toute germanique, celle de Grünewald ou d’Altdorfer, loin d’une idéalisation des formes et d’un bon goût à la française, ces peintres et dessinateurs ont emprunté une voie singulière que le poids de l’Histoire et d’un certain dogmatisme esthétique n’a pas toujours permis à notre pays d’apprécier à sa juste valeur. Le travail du temps, l’évolution des mentalités et les études des historiens de l’art et de directeurs de musées permettent aujourd’hui à nos compatriotes de porter un nouveau regard sur un mouvement finalement circonscrit aux années 1920. Cette époque fut aussi propice en Allemagne aux expériences d’un enseignement artistique associant les arts dits “majeurs”? à l’architecture et à la décoration, dont l’institution phare reste le Bauhaus.
Après notamment les expositions “Beckmann”? aux Sables d’Olonne et à Paris, “Otto Dix”? à Colmar ou à la Fondation Maeght à Saint-Paul – Dix étant également à l’honneur actuellement au Centre Pompidou –, le Musée de Grenoble consacre ses espaces à la “Nouvelle Objectivité”? ; plus que jamais, les musées français ont décidé depuis quelques années de reconsidérer par des expositions temporaires cette période de l’histoire de l’art. Quant aux œuvres de ces artistes présentes dans les collections françaises, leur nombre est à la mesure de l’ignorance dans laquelle elles sont trop longtemps restées.

Philippe Régnier


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