PARIS
Longtemps attendue, la Fondation Louis Vuitton, vouée à la création contemporaine, ouvrira ses portes au public le 27 octobre.
PARIS - Dire qu’elle était attendue relève de l’euphémisme. Portée par Bernard Arnault, première fortune de France et tout à la fois propriétaire et P.-D. G. de LVMH, premier groupe mondial de luxe dont Louis Vuitton est l’un des emblèmes, le projet de « Fondation Louis Vuitton » est devenu une machine à fantasmes tant tout ce qui entoure ou compose cette fondation est demeuré au secret le plus absolu. À commencer par l’ampleur de sa collection, constituée sous la houlette de Suzanne Pagé, directrice artistique : il se murmure qu’elle s’est rapidement assemblée à coups d’achats massifs tandis que, jusqu’à présent, rien n’a été révélé quant à son contenu ni au nombre d’œuvres.
Piloté par Jean-Paul Claverie, conseiller de Bernard Arnault et responsable du mécénat du groupe LVMH, le projet de la fondation fut annoncé en octobre 2006, au cours d’une conférence de presse où fut dévoilée la maquette de l’édifice imaginé par l’architecte Frank Gehry. Il était toutefois en gestation depuis bien plus longtemps, puisque c’est dès le début des années 1990 que Bernard Arnault eut à l’esprit une telle entreprise ; c’est la visite du Guggenheim Museum de Bilbao qui l’a convaincu de faire appel à l’architecte américano-canadien en 2002.
Opposition des riverains
Située dans le bois de Boulogne, à proximité du Jardin d’acclimatation et sur le terrain de l’ancien bowling de Paris démoli notamment pour cause de contamination par l’amiante, la Fondation bénéficie d’un bail emphytéotique d’une durée de cinquante ans courant depuis 2012, date d’ouverture initialement envisagée ; le bâtiment reviendra donc à la Ville de Paris en 2062. Le choix de l’emplacement ne doit rien au hasard, puisque, Bernard Arnault ayant racheté en 1984 le groupe Boussac qui comprenait notamment Christian Dior, LVMH est propriétaire de la Société du Jardin d’acclimatation, fondée en 1952 par Marcel Boussac qui possédait là une résidence.
Le retard de deux ans sur la date d’ouverture prévue tient pour partie de la complexité de l’édifice, mais est également dû à des démêlés judiciaires avec des riverains. Délivré en 2007 par Bertrand Delanoë, alors maire de Paris, un premier permis de construire a été annulé par un jugement du 20 janvier 2011 du tribunal administratif de Paris, saisi par l’association Coordination pour la sauvegarde du bois de Boulogne. Le sauvetage de la Fondation est venu de l’Assemblée nationale, instance qui, quelques semaines plus tard, déclarait le projet d’utilité publique, avant que la cour d’appel administrative ne valide le permis de construire… le 12 juin 2012.
Sophie Durrleman, anciennement directrice de l’administration et du personnel de la Bibliothèque nationale de France, assume depuis janvier 2013 la direction déléguée de la Fondation. Celle-ci comprend un noyau d’une dizaine de curateurs et conservateurs, parmi lesquels Françoise Cohen, l’ancienne directrice du Carré d’art-Musée d’art contemporain de Nîmes, et quelques anciens membres de l’équipe de Suzanne Pagé au Musée d’art moderne de la Ville de Paris telles Béatrice Parent et Laurence Bossé.
700 000 visiteurs attendus
Le projet culturel, au départ un peu flou, qui faisait état à l’époque de la conservation au sein de la fondation de certaines archives de LVMH et de la présentation d’objets patrimoniaux du groupe dans certaines expositions, semble avoir été recadré à cette seule fin de promouvoir la création artistique contemporaine. Y est annoncée la présentation par roulement de segments de la collection, ainsi que deux expositions temporaires chaque année.
Pensée jusqu’à juillet 2015, la programmation artistique d’ouverture devrait se dérouler en trois étapes dont la première, jusqu’au mois de décembre, sera essentiellement occupée à célébrer l’architecte du bâtiment, tout en dévoilant quelques œuvres et commandes de la collection. Mais rien n’a encore filtré relativement au programme ultérieur. Une fréquentation de l’ordre de 700 000 visiteurs est espérée pour la première d’année d’existence. Au-delà des expositions, le très iconique bâtiment devrait en lui-même attirer un vaste public.
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Vuitton s’arrime au bois de Boulogne
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Abonnez-vous dès 1 €8, av. du Mahatma-Gandhi, bois de Boulogne, 75116 Paris, tél. 01 40 69 96 00, www.fondationlouisvuitton.fr, du 27 octobre au 3 novembre et du 20 décembre 2014 au 4 janvier 2015, tlj 10h-20h, vendredi 10h-23h ; à partir du 3 novembre tlj sauf mardi 12h-19h, le vendredi jusqu’à 23h, samedi-dimanche 11h-20h. Journées « portes ouvertes » sur réservation, vendredi 24 octobre, samedi 25, dimanche 26.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°421 du 17 octobre 2014, avec le titre suivant : Vuitton s’arrime au bois de Boulogne