Collection

Une histoire italienne

La Maison rouge dévoile la collection Setari, dénotant une proximité avec les artistes

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 13 novembre 2012 - 402 mots

PARIS - Michelangelo Pistoletto les désigne comme des « collectionneurs d’artistes ». Giuliana et Tommaso Setari, Italiens ayant élu domicile à Paris en 2000 après avoir vécu en Belgique ou à New York, ont en effet pour particularité d’inscrire la relation avec les créateurs au cœur de leur démarche d’acquisition.

Ils affirment aimer « avoir les artistes à [leur] table » et ne rechignent pas à rapporter tant des souvenirs de discussions que des anecdotes liées à des fêtes ou vacances passées en leur compagnie. « Nous apprenions par les artistes et en même temps nous les accompagnions ; il s’agissait d’une réciprocité très respectueuse », relate Giuliana Setari, qui organisa un jour une rencontre entre Carla Accardi, Ettore Spalletti, Jan Vercruysse, Christopher Wool et Günther Förg dans l’iconique villa Malaparte, à Capri, qui inspira à l’artiste allemand des photographies. Cette proximité, c’est bien ce qui, ainsi que l’affirme le titre de l’exposition dévoilant une partie de la collection du couple à la Maison rouge, à Paris, constitue un « retour à l’intime » ; un intime à la sensibilité méditerranéenne exacerbée, même si c’est une toile abstraite de Gerhard Richter acquise à Rome en 1980 qui leur donna le goût de la collection.

L’accrochage fait ainsi la part belle aux plus grands noms d’un art transalpin que les Setari ont constamment défendu au gré de leur vie nomade, avec une sensibilité affichée pour les questions d’espace et de couleur. De nombreuses œuvres de Spalletti, Accardi ou Remo Salvadori jalonnent ainsi le parcours, auxquelles répond finement une peinture murale de Sol LeWitt, seul Américain qu’ils aient jamais acquis. La génération de l’Arte povera est également une bien représentée, rejointe par de fortes personnalités porteuses de problématiques sociales, tels Franz West, Thierry De Cordier ou Juan Muñoz.Les collectionneurs ont dévolu quelques espaces aux jeunes revues d’art italiennes qui se sont imposées récemment dans le paysage éditorial international, à l’instar de Mousse, Cura ou Kaleidoscope, et à la jeune génération qu’elles défendent. La transmission… toujours.

LA COLLECTION GIULIANA ET TOMMASO SETARI, RETOUR À L’INTIME

Jusqu’au 13 janvier 2013, La Maison rouge, 10, bd de la Bastille, 75012 Paris, tél. 01 40 01 08 81, www.lamaisonrouge.org, tlj sauf lundi-mardi 11h-19h, jeudi 11h-21h.

Catalogue : coéd. La Maison rouge/Fage Éditions, 232 p., 28 €.

Voir la fiche de l'exposition : La collection Giuliana et Tommaso Setari - Retour à l'intime

- Nombre d’artistes : 44

- Nombre d’œuvres : 70

Légende photo

Vue de la collection Setari à la Maison rouge, avec J. Kounellis, S.t., 1989, et M. Pistoletto, Sonata..., 1971. © Photo : C. Etienne

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°379 du 16 novembre 2012, avec le titre suivant : Une histoire italienne

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