PARIS
Pour intégrer des locaux flambant neufs, la Fondation Ricard n’a pas trouvé mieux que de venir tout bonnement s’immiscer au rez-de-chaussée du nouveau siège de sa maison-mère, le groupe Pernod-Ricard, construit par le cabinet Ferrier Marchetti en limite de la gare Saint-Lazare, à Paris, et inauguré en septembre 2020.
L’exercice n’est pas sans rappeler celui d’une autre fondation, « La Fab. » de la styliste Agnès b., glissée, elle, au pied d’un immeuble de logements sociaux, dans le 13e arrondissement de la capitale. Autre coïncidence étonnante, leur situation urbaine affiche quelques similitudes « ferroviaires » : la première étant accolée à la gare Saint-Lazare, la seconde érigée sur la dalle qui recouvre les rails reliant la gare d’Austerlitz. La comparaison s’arrête là. L’aménagement de la nouvelle Fondation Ricard a été confié à Lucie Niney et Thibault Marca, de l’agence NeM. Ils héritent, en réalité, d’un lieu un brin coriace, prévu, à l’origine, pour loger deux boutiques et finalement appelé à être métamorphosé en centre d’art. Il a donc fallu jongler entre la structure métallique existante et percer quelques ouvertures nouvelles pour façonner l’espace idoine.Une fois franchie la porte d’entrée, se déploie une zone d’accueil qui se compose d’un café, d’une boutique-librairie, d’un lieu de consultation et de deux imposants meubles-bibliothèques. Originalité : quelques artistes ont, eux aussi, mis la main à la pâte. Le designer Robert Stadler, par exemple, a dessiné les chaises du café. Les artistes Katinka Bock et Neil Beloufa ont, eux, conçu respectivement un tapis et des luminaires. Quant à Mathieu Mercier, il s’est chargé de réaliser une grande toile imprimée, laquelle est accrochée, en hauteur, dans le hall d’entrée de la Fondation. Ce dernier est relié, par l’intermédiaire d’un large couloir, à une partie déjà existante qui permet de faire profiter le public de deux espaces supplémentaires : un auditorium de 112 places et un hall modulable pouvant ponctuellement accueillir accrochages, voire performances. « Nous avons voulu créer des lieux qui soient totalement appropriables, explique Thibault Marca. D’où ce travail minutieux avec le rythme de la structure existante, afin d’y générer diverses échelles intérieures, depuis l’alcôve intime jusqu’à la grande salle façon White Cube. Nous avons aussi fait en sorte qu’il y ait une large porosité entre l’espace d’exposition principal et l’espace café-librairie. » D’ailleurs, plutôt que des cloisons fixes, le duo a opté pour « le réemploi » et dessiné un ingénieux système de cimaises mobiles. Dernière sophistication : « L’éclairage est un point essentiel du projet, souligne Thibault Marca, la lumière pouvant aller d’un froid intense, façon frigidaire, à un chaud très chaleureux. » Côté gare, le triple vitrage laisse entrevoir des trains qui quittent les quais dans un étrange silence, direction la Normandie.
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Une fondation, sinon rien
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°741 du 1 février 2021, avec le titre suivant : Une fondation, sinon rien