Le groupe de musiciens formé de Lorent Idir et François Djemel, fils de Pierre Ardouvin, ont invité Orlan, « muse » de Lady Gaga, à partager leur clip By my Side.
Existe-t-il toujours un pont entre la pop musique et l’art contemporain ? Sans aucun doute ! La preuve avec le clip coloré du groupe Twin Twin qui a invité à apparaître Orlan. Twin Twin, ce sont les jumeaux Lorent Idir et François Djemel ainsi que le beat boxer Patrick Biyik. À trois, ils créent une image « post-pop-bubble-gum-8 bits » qui n’est pas sans rappeler l’époque fluo kids et une certaine image arty chic.
Snack attack
Les prénoms des jumeaux, fils du plasticien Pierre Ardouvin, sont un mix de deux cultures : française et kabyle. Laurent et Djemel ont donc fait leurs armes dans les squats parisiens et le monde de la mode. Ils ont aussi travaillé avec le jazzman François Jeanneau et le cinéaste Leos Carax. « Quand on a démarré le groupe, racontent
les Twin Twin, les gens nous disaient qu’on était farfelus, originaux, trublions ! En fait, nous essayons juste de proposer une identité, une autre façon de se montrer, d’être vu. » Résultat : un clip étonnant : By my Side. Après une première version « Jean-Paul Goudesque », les Twin Twin se lancent dans une nouvelle version vidéo de leur morceau
en invitant, cette fois, la plasticienne Orlan. Le pitch est simple : le trio subit une terrible attaque de biftecks volants dans un univers coloré de jeu vidéo.
Il est finalement sauvé par « Super-Orlan », super-héros à cinq têtes qui lance des rayons multicolores pour transformer les vilains bout de viande en… bulles. Du grand délire !
Twin Twin cherchait un personnage qui pourrait les sauver d’une attaque de steaks sauvages : « Nous avions vu que Lady Gaga (qui s’inspire beaucoup de l’art contemporain) avait repris les bosses d’Orlan, et l’on cherchait quelqu’un capable de nous sauver, quelqu’un qui incarne la liberté de
s’inventer. Orlan nous est apparue comme une évidence. » Orlan, prêtresse du body art, artiste d’une autre génération, incarnation de la liberté. Les Twin Twin en sont convaincus : sans Orlan, pas de Lady Gaga.
De son côté, Orlan dit avoir été immédiatement séduite par la démarche des Twins. « Il y a des porosités dans le monde de l’art. Un jour, je les ai vus se produire en concert à la Flèche d’Or, Pierre [Ardouvin] m’avait donné le tuyau. J’ai les ai trouvés formidables ! J’ai adoré leur style : j’aime les gens qui sont créatifs au quotidien avec leur apparence. »
Super-Orlan en Gorgone
Pour François Djmel, Orlan est une artiste importante : « Je me souviens, petit, de la période des transformations physiques, de cette photo avec les dessins du chirurgien sur son visage sur la table d’opération. » De 1990 à 1993, Orlan subit en effet neuf opérations de chirurgie esthétique avec pose de prothèses en silicone, des performances filmées et projetées au Centre Pompidou. Orlan : « J’essayais de mettre de la figure sur mon visage, d’établir une différence entre les modèles qu’on nous désigne comme ceux étant les bons et ceux qu’il faut prendre, j’ai essayé avec la chirurgie de marquer cette différence. » Le message est commun avec les Twin Twin qui parlent, dans leur chanson By my Side, de solitude et de solidarité.
« Les gens pensent que l’art contemporain est élitiste. En fait, la musique est une industrie, c’est pour cela que Lady Gaga copie Orlan mais n’en parle pas. Et le but d’une industrie, ce n’est pas de s’exprimer, mais de vendre », pensent les jumeaux… et Orlan, qui acquiesce volontiers : « Contrairement au monde de la mode qui cite ses influences, l’industrie du disque n’a aucun complexe devant une attitude de voleur. C’est dommage, car les fans de Lady Gaga ont aussi besoin de références. Quant à Twin Twin, ils ont réalisé l’un de mes rêves : avoir cinq têtes ! Et en m’appelant Super-Orlan, je ne pouvais qu’être contente ! »
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Twin Twin sauvé des steaks par Orlan
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°646 du 1 mai 2012, avec le titre suivant : Twin Twin sauvé des steaks par Orlan