Paroles d’artiste

Stéphane Dafflon

« C’est un mélange, une tension entre Pop et Minimal »

Par Anaïd Demir · Le Journal des Arts

Le 23 janvier 2004 - 680 mots

À l’occasion de son exposition personnelle à la galerie Air de Paris, à Paris, Stéphane Dafflon, artiste suisse né en 1972, répond à nos questions.

 Que ce soit dans vos peintures sur mur ou sur toiles, vos sculptures ou vos environnements, un motif est récurrent dans vos travaux...
C’est un hybride entre deux formes géométriques élémentaires, le cercle et le rectangle. Une forme que je développe et agence à chaque fois dans mes constructions pour créer différents effets visuels.

Existe-t-il un rapport entre cette forme et le monde de l’informatique ?
Oui, mon travail part d’ailleurs de l’informatique, qui me permet de construire sur écran des effets autour de cette forme. Mais le travail sur l’ordinateur reste une étape. Il doit se dérouler rapidement. Ensuite, je passe à la réalisation en peinture.

Cherchez-vous à épuiser ce motif géométrique ?
Non, c’est plutôt une forme qui s’adapte à chaque lieu et à l’idée qui sous-tend l’exposition : que vais-je y représenter et quelles sont les particularités du lieu ? Comment les gens vont se déplacer à l’intérieur de cet espace ? Quel effet ai-je envie d’obtenir? Cette forme, c’est surtout une grammaire assez simple qui me permet de limiter le champ des directions. C’est un point de départ.

Que présentez-vous à la galerie Air de Paris ?
Je présente trois peintures sur toile de grand format. J’ai volontairement peint des grands formats, non pas directement au mur comme je le fais souvent, mais sur toile cette fois. Ce sont des pièces qui occupent une grande partie des murs et qui laissent peu d’espaces blancs. Il y a aussi une pièce centrale faite de plaques de Plexiglas transparent d’une teinte bleu gris, légèrement fumées, qui ont un rôle de filtre et viennent colorer les peintures qui se trouvent autour. Ensuite, ces plaques de Plexi donnent un sens de lecture au lieu, une idée de circulation. Elles empêchent aussi la lecture directe des œuvres. On ne voit pas entièrement les toiles, on doit se déplacer pour avoir une vision d’ensemble. Et il y a aussi une idée de superposition des toiles grâce aux reflets que créent ces plaques. Tous ces effets optiques se mêlent.

Quels sont vos rapports à l’art optique et à l’abstraction ?
Mon travail, c’est essentiellement de l’abstraction. C’est l’idée de gérer des formes simples dans un espace défini qui peut être la toile, le mur… Ce qui m’intéresse, c’est de découvrir ce que ces formes peuvent produire sur un plan. Et en ce sens, je tente de transmettre plusieurs possibilités de lecture au visiteur de l’exposition. Que cela puisse autant lui faire penser à telle ou telle chose qu’il connaît que laisser ouvert le champ de son imagination, lui procurant des effets visuels simples dès le premier regard, ou encore des impressions de « torsion » de ce simple motif… Ce sont des effets que l’art optique a poussés à l’extrême mais dont il ne reste que des indices dans mon travail.

Il y a aussi un esprit « pop » qui se ressent de plus en plus dans vos dernières œuvres.
Dans mon exposition chez Air de Paris, j’ai employé des compositions et des couleurs plutôt vives que l’on peut effectivement qualifier de « pop ». Mais la structure en Plexi, aux origines plus minimales, vient saturer cette ambiance pop. C’est un mélange et également une tension entre Pop et Minimal.

Vous ne vous limitez pas à la peinture. Il y a un jeu autour de votre motif de prédilection qui s’étend aussi à la sculpture, l’environnement...
Sur le même principe, je définis un plan qui peut devenir une peinture, un volume ou un espace global. Quand il s’agit d’environnement, cela se rapproche davantage du décor… Par exemple, avec des peintures murales, c’est l’idée d’agir sur un lieu qui me préoccupe. C’est imaginer comment le visiteur va se déplacer dans l’espace. J’essaie de créer des effets graphiques plus sensoriels.

« Something more abstract »

Galerie Air de Paris, 32 rue Louise-Weiss, 75013 Paris, tél. 01 44 23 02 77. Jusqu’au 28 février. À consulter : le site Internet de l’artiste : www.stephanedafflon.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°185 du 23 janvier 2004, avec le titre suivant : Stéphane Dafflon

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