POITIERS
Entre dessins, peinture, musique et même mode, l’univers de Rita Ackermann est pop et foisonnant.
À côté des étranges créatures qui peuplent ses dessins et peintures, elle devient au Confort Moderne à Poitiers l’instigatrice de « Concrete Castle ». Cette artiste hongroise (née en 1968) installée à New York invite quelques-uns de ses amis artistes à exposer (Nobuyoshi Araki, Bernadette Corporation, Gilles Berquet, Christophe Brunnquell, Richard Kern, Harmony Korine, Katja Rahlwes, Agathe Snow…). Elle aborde ensuite la réalisation avec le tournage in situ d’un soap opera. Nous l’avons rencontrée à cette occasion.
Que présentez-vous dans cette exposition intitulée « Concrete Castle » (« le château de béton »), dont vous êtes à la fois l’artiste invitée et le commissaire ?
L’exposition consiste à présenter des pièces qui ont été sélectionnées pour défendre un château imaginaire dont le fonctionnement et les règles sont différentes du monde contemporain dans lequel nous vivons tous. Certaines de ces œuvres sont critiques, d’autres proposent simplement leur propre échappatoire à cette réalité.
« Concrete Castle » n’est pas seulement une exposition, mais aussi un film. Le Confort Moderne devient alors pour vous un lieu de tournage. Quel en est le scénario ?
Après avoir accepté l’invitation du Confort Moderne à Poitiers, et vu la dimension de l’espace qui m’était proposé, j’ai eu une discussion qui s’est passée de mots avec Yann Chevalier, le responsable des expositions du lieu... Tout a été immédiatement clair pour moi. Il était grand temps de vivre le plus cher des rêves de ma vie : il s’agissait pour moi de commencer à réaliser des films.
Le spectacle commence sur un état de fait, celui du château. Un couple y invite des artistes à se réunir et, dans ce climat stimulant, tous se « réénergisent » pour opérer d’urgents changements dans la vie et instaurer un nouveau réalisme. Concrete Castle est aussi le titre de l’épisode pilote. Le 499e sur une série de 500 qui seront réalisés en collaboration avec la société Disciple Films (Paris).
S’agit-il d’une utopie concernant les relations de couple ?
L’idée générale de cette série de films est de proposer une voie différente, un nouveau modèle de vie. « Concrete Castle » est une proposition de soap opera [feuilleton fleuve]. On tente
effectivement d’y redéfinir les relations de couple.
Le mode de tournage est in situ. Un des épisodes a été tourné sur le lieu de l’exposition. Comment cela s’est-il passé ?
L’épisode 499 a été tourné une semaine avant et une semaine après la nuit du vernissage. Il a été filmé dans un décor vert [NDLR : pour permettre les incrustations vidéo]. La nuit du vernissage, le tournage faisait partie de l’exposition et fonctionnait comme une performance, tout comme l’ensemble de l’équipement nécessaire [NDLR : les vêtements et autres accessoires] pour produire le film.
Quelle relation entretenez-vous avec l’univers de la mode ?
Une relation de soutien et d’encouragement, d’aide à son développement, à son évolution. Avec le milieu de la mode, on partage l’inspiration, mais il n’y a pas d’interdépendance.
Continuez-vous la musique ?
J’ai arrêté avec Angelblood, le groupe dans lequel je chantais. Tout simplement parce que c’était trop agréable. Le groupe s’est dissous. Les intenses énergies de plusieurs artistes tous embarqués dans le même navire peuvent avoir pour conséquence une vie aussi courte que torturée. Désormais, nous faisons tous de la musique différente. Certains forment le groupe Gang Gang Dance, d’autres sont les No Neck Blues. Je suis toujours ouverte à l’idée de travailler avec différents musiciens qui font, pour moi, du bon son, comme Michael Portnoy, qui a composé la musique de « Concrete Castle ».
Peinture, dessins, vidéo, musique… Votre univers est foisonnant. Quel est le point commun à toutes ces activités ?
Je n’ai pas de réponse. Je ne vois ni relations ni rien d’autre entre ces différentes activités. La raison pour laquelle j’aime m’engager dans quelque chose de différent, avec d’autres artistes, c’est que cela procure de nouvelles expériences et me conduit à une nouvelle façon de penser ma vie.
Le Confort Moderne, 185, rue du Faubourg-du-Pont-Neuf, 86000 Poitiers, tél. 05 49 46 08 08. Jusqu’au 11 décembre.
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Rita Ackermann : « Défendre un château imaginaire »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°224 du 4 novembre 2005, avec le titre suivant : Rita Ackermann