« And the winner is… Laure Prouvost ! » C’est à la surprise générale que l’artiste française âgée de 35 ans est devenue le 2 décembre la 29e lauréate du Turner Prize.
LONDRES - L’une des plus prestigieuses récompenses attribuées dans le monde de l’art lui a été décerné lors d’une cérémonie à Dery, en Irlande du Nord, où sont exposés les projets des artistes nommés. C’est parce qu’elle est installée de longue date à Londres, où elle est représentée par la galerie MOT International, que cette originaire de Croix (Nord), discrète en France, a été conviée à participer à la compétition récompensant un artiste britannique ou résidant en Grande-Bretagne. Elle se trouvait face à David Shrigley, Tino Sehgal, Lion d’or de la dernière Biennale de Venise, et Lynette Yiadom-Boakye, tous des candidats très sérieux.
Œuvres atmosphériques
Laure Prouvost a remporté la majorité des suffrages grâce à une installation vidéo non dénuée d’humour et intitulée Wantee – en référence au surnom de la compagne de Kurt Schwitters –, qui entraîne le spectateur dans une visite de la maison fictive de ses grands-parents. Mêlant habilement une technique filmique et des pratiques traditionnelles, l’artiste recrée un univers autonome. Le visiteur, une fois entré dans une cuisine sombre encombrée de mobilier, vaisselle rustique, tableaux et poteries, dans laquelle est projeté un film, passe dans une salle claire et immaculée aux murs peints en rose : une chambre au sol incliné où un autre film évoque la grand-mère imaginaire rêvant d’aller danser en boîte de nuit ou de faire cuire des œufs sur un ordinateur portable !
Présidé par Penelope Curtis, directrice de la Tate Britain, aux côtés entre autres de Ralph Rugoff, directeur de la Hayward Gallery à Londres, ou de Susan Gaensheimer, directrice du Musée d’art moderne de Francfort-sur-le-Main, le jury a relevé dans le travail de l’artiste « son approche unique dans la manière de faire des films, souvent situés au sein d’installations atmosphériques, employant une forte narration, un montage rapide et un mauvais usage délibéré du langage afin de créer une œuvre surprenante et imprévisible. »
Créé en 1984, réservé à des artistes de moins de 50 ans et doté de 25 000 livres sterling (30 200 euros), le Turner Prize a récompensé des talents tels Gilbert & George en 1986, Anish Kapoor en 1991, Rachel Whiteread en 1993, Damien Hirst en 1995, Steve McQueen en 1999 ou Jeremy Deller en 2004. Des installations de Laure Prouvost sont actuellement visibles à la Biennale de Lyon et dans « No Fear, No Shame, No Confusion », organisée par Triangle France à la Friche la Belle-de-Mai, à Marseille. En septembre 2014, elle bénéficiera de sa première exposition en galerie en France, chez Nathalie Obadia (Paris).
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Prouvost lauréate
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°403 du 13 décembre 2013, avec le titre suivant : Prouvost lauréate