Objet Non Identifié

Osni pour « Objet sentant non identifié » : l’acronyme est digne d’une enseigne de boutique japonaise francophile maîtrisant mal la langue de Molière. Mais de quoi s’agit-il ? D’un cube transparent meublé en tout et pour tout d’un escalier hélicoïdal et à l’intérieur duquel flotte « un nuage parfumé ». Les visiteurs sont invités à pénétrer au compte-gouttes dans cet espace afin d’y ressentir les gradations odoriférantes de l’atmosphère, jusqu’à se retrouver, en haut des marches, la tête nimbée d’une fragrance captive et vaporeuse. Le dispositif est le fruit d’une collaboration entre Mathilde Laurent, le nez de la maison Cartier, et une société d’ingénierie climatique : il faut en effet trois strates d’air superposées pour que le nuage soit stabilisé et que « la magie » opère. L’objectif ? « Au-delà du flacon, changer la façon dont on regarde le parfum pour l’envisager non plus comme un produit, mais comme un art », explique Mathilde Laurent. Reste que le statut de cette « installation immersive » sponsorisée est pour le moins flou. Sensorielle, certes, érudite, d’accord – apprenons au passage que l’étymologie du mot parfum per fumum (« à travers la fumée » ) est liée aux rituels sacrés pendant lesquels on brûlait des résines. Mais cette installation est présentée au même moment et placée sur le même plan que celle de Susanna Fritscher, Für die Luft, dont l’architecture translucide de fils de silicone joue sur la perception de l’espace qu’elle occupe. Or il s’agit d’un côté d’un événement faisant référence à l’univers de création d’une marque, de l’autre d’une œuvre d’art. Cela mériterait d’être précisé au public, en grande partie néophyte, de ce musée encore jeune.