L’effigie grandeur nature de Jean-Paul II terrassée au sol par une météorite, celle d’un petit Hitler agenouillé comme s’il priait, de ce cheval qui a la sienne enfoncée dans le mur, ou de l’artiste tombé dans un trou, les œuvres de Maurizio Cattelan sont faites pour surprendre.
Tout à la fois provocantes, drolatiques et poétiques, elles ne laissent jamais le regard tranquille. Né à Padoue en 1960, tout d’abord designer pour l’industrie, Cattelan est entré en art après avoir découvert une œuvre de Michelangelo Pistoletto, figure de proue de l’Arte povera.
« J’essaie de refléter la complexité du monde », dit-il en revendiquant le fait que la destruction est partie intégrante de son travail. « Nous devons chercher les ruptures dans l’ordre des choses, ce chaos fondamental, miroir de notre désespoir. » De fait, son art, s’il peut paraître ludique au premier degré, est surtout tragique, et les situations qu’il donne à voir opèrent comme autant d’images définitives et mémorables qui mettent en cause toutes les strates de la société.
Dans le maelström du monde contemporain, Maurizio Cattelan puise son imagination en cherchant à en extraire des arrêts sur image dont la force de signe est immédiatement universelle. Son langage artistique est de prime abord évident, mais c’est bien au-delà de l’image qu’il nous entraîne. Jusqu’au bord d’une réflexion sur ce qui fonde notre inscription au monde, notre rapport à l’autre, voire à l’Histoire. Après le Guggenheim de New York et sa décision de se retirer, le voilà chez Beyeler. Paradoxe.
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Maurizio Cattelan plus profond qu’il n’y paraît
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°658 du 1 juin 2013, avec le titre suivant : Maurizio Cattelan plus profond qu’il n’y paraît