WASHINGTON / ETATS-UNIS
Kehinde Wiley et Amy Sherald ont réalisé les portraits de l’ancien président des États-Unis et de sa femme, désormais exposés à la National Portrait Gallery de Washington.
Washington. Des couleurs vives, des formes allégoriques et une symbolique historique. Les portraits officiels de Barack et Michelle Obama, réalisés par deux artistes peu conventionnels, ont dépoussiéré les codes du National Portrait Gallery (NPG), musée de Washington qui abrite la fameuse collection de toiles représentant les présidents des États-Unis.
Les peintures à l’huile qui sont entrées le 12 février au NPG revêtent une dimension historique. D’abord, bien sûr, parce que le 44e président des États-Unis et l’ancienne Première dame sont les premiers Noirs à figurer dans les galeries réservées à leurs fonctions respectives. Mais aussi parce que leurs portraits sont les premiers exécutés pour le musée par des artistes eux aussi afro-américains.
Il suffit, pour mesurer la portée de cet événement pour la première fois retransmis en direct à la télévision, de se figurer que, à quelques pas seulement de « BO » sont accrochés les portraits du premier président américain George Washington et du troisième, Thomas Jefferson, lesquels possédaient tous deux des esclaves. Barack Obama a choisi de poser devant Kehinde Wiley, devenu célèbre pour ses portraits d’Afro-Américains peints à la façon des grands rois et autres empereurs européens, sceptre à la main ou encore à dos de cheval. Lui est représenté en costume sans cravate assis sur une chaise en bois, au milieu d’une végétation dense. « J’ai dû expliquer que j’avais assez de problèmes politiques sans qu’il me fasse ressembler à Napoléon », a plaisanté l’ex-président lors de la cérémonie, racontant avoir échoué à « négocier moins de cheveux gris ». Plus sérieusement, a repris Barack Obama, « ce qui m’a toujours frappé quand je regardais ses portraits, c’était combien ils défiaient notre vision habituelle du pouvoir et du privilège ». Il a expliqué avoir choisi l’artiste originaire de Los Angeles car celui-ci sait « reconnaître la beauté, la grâce et la dignité des personnes qui sont si souvent invisibles ».
La peinture comporte plusieurs clins d’œil aux différentes parties de la vie du président Obama. Y figurent des lys bleus d’Afrique, symboles de son héritage africain et de son père kényan, des jasmins, réminiscences d’Hawaï où il a grandi, et les chrysanthèmes, la fleur officielle de Chicago, où il a lancé sa carrière politique et rencontré Michelle Obama.
Le portrait de cette dernière a été brossée par Amy Sherald – étoile montante de la peinture américaine –, assise le menton posé sur sa main, dans une robe noir, blanc et gris avec de très légères touches de couleur, robe qui s’évase pour former comme une pyramide. Au sommet de cette forme, le visage de la très populaire ex-Première dame est moins précis que celui de son mari, laissant presque l’imaginaire le remplacer par un autre. Michelle Obama a insisté sur l’impact que la toile pourrait avoir sur les « filles de couleur ». « Elles vont voir une image de quelqu’un qui leur ressemble sur les murs de cette grande institution américaine, s’est-elle félicitée. Et je sais le genre d’impact que cela aura sur leur vie, parce que j’ai été l’une de ces filles. »
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Les portraits des Obama, une révolution en noir et en couleur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°495 du 16 février 2018, avec le titre suivant : Les portraits des Obama, une révolution en noir et en couleur