Par sa technicité et son authenticité, l’artisanat contribue de plus en plus à la création contemporaine.
Sa fresque monumentale se déploie aux Grandes Locos, l’ancien site ferroviaire investi par la Biennale de Lyon : la jeune artiste Mona Cara (née en 1997) conçoit des pièces textiles qui font appel aux savoir-faire artisanaux. Elle a choisi pour l’occasion de travailler dans la région, à Brioude, avec des professionnels de la dentelle. Pour son installation L’Heure bleue, présentée au pavillon du Bénin, à la Biennale de Venise 2024, Chloé Quenum (née en 1983) a fait appel à un souffleur de verre. C’est aussi le cas de Kader Attia (né en 1970) lorsqu’il a mis au point les sculptures de sa série « Whistleblower », que l’on a pu voir dans la dernière édition de « Desert X AlUla », en Arabie saoudite. Les collaborations entre artistes contemporains et artisans d’art sont devenues monnaie courante. Les premiers ne s’interdisent plus de s’intéresser aux matériaux comme le bois, le verre, la céramique, le textile, le métal, ainsi qu’aux techniques traditionnelles afin d’explorer de nouvelles façons de créer. À cette recherche de haute technicité s’ajoute parfois un désir d’authenticité. Dans un environnement gagné par le virtuel et la mécanisation, les plasticiens revendiquent un retour à la matière. En témoigne le travail de Grayson Perry (né en 1960), qui a fait de la céramique son matériau de prédilection, ou les tapisseries d’Eva Jospin (née en 1975), confectionnées avec des brodeuses indiennes.
En renouant avec des techniques anciennes, les artistes leur confèrent aussi une actualité. Au point que l’on peut voir dans l’engouement récent pour les pratiques artisanales, telle que la céramique et la tapisserie, une posture de résistance. La plasticienne et chercheuse Jeanne Vicerial (née en 1991) a ainsi développé la technique du « tricotissage », poursuivant le questionnement de sa thèse sur les moyens de conception des vêtements contemporains. Et si le duo d’artistes Daniel Dewar & Gregory Gicquel (nés respectivement en 1976 et en 1975) s’est engagé, à travers son œuvre sculptée, dans une démarche d’apprentissage permanent, c’est pour nous inciter à réfléchir sur ce qui est en jeu dans les modes de production. Ces croisements fertiles sont encouragés par des initiatives comme celles de la Fondation d’entreprise Hermès, à travers ses invitations aux artistes à concevoir des pièces originales dans ses manufactures aux côtés d’artisans. L’artiste Josèfa Ntjam (née en 1992) a ainsi bénéficié en 2023 de la résidence LVMH Métiers d’art, au sein d’une fabrique de pièces métalliques. Cette tendance se traduit également par la tenue de manifestations spécialisées, comme la Biennale Révélations et le salon Immersion/s à Paris. Et par l’apparition de lieux hybrides, tels que le 19M, la manufacture de mode Chanel, qui abrite une galerie, ou « La main », adresse ouverte par LVMH, contribuant à inscrire les métiers d’art dans le paysage de la création contemporaine.
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Les métiers d’art, retour aux sources de la création
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°779 du 1 octobre 2024, avec le titre suivant : Les métiers d’art, retour aux sources de la création