NEW YORK / ETATS-UNIS
Balkrishna Doshi est devenu, à 90 ans, le lauréat le plus âgé et le premier Indien à emporter le prix Pritzker, la plus prestigieuse récompense d'architecture au monde.
Disciple du Français Le Corbusier, Balkrishna Doshi s'est illustré par son architecture moderniste, qui tranchait avec une Inde encore très traditionaliste, mais intégrait néanmoins les aspects de la culture du pays et ses traditions. Il est aussi connu pour son engagement en faveur d'une architecture durable et pour des logements peu coûteux. Parmi ses réalisations figure notamment l'ensemble Aranya, à Indore, dans l'Etat indien du Madhya Pradesh. Il s'agit d'un projet gigantesque, ensemble de bâtiments d'un étage au plus construit dans les années 80 pour répondre à une crise du logement dans la région. Aujourd'hui encore, quelque 80.000 personnes vivent dans l'une des 6.500 habitations construites dans le cadre de ce projet.
Balkrishna Doshi a pensé l'architecture comme une extension du corps humain, empreint d'une volonté d'harmonie avec son environnement, qu'il s'agisse du climat, du paysage ou de l'urbanisme. Les réalisations de Balkrishna Doshi "respectent la culture orientale tout en améliorant la qualité de vie en Inde", selon le communiqué publié mercredi par le jury du Pritzker.
« Comme s'il rajeunissait »
"Je dois ce prix à mon gourou, Le Corbusier", a commenté le lauréat 2018, cité dans le communiqué, au sujet du Pritzker, souvent considéré comme l'équivalent du prix Nobel en architecture. Ironie du sort, Charles-Edouard Jeanneret, dit Le Corbusier (1887-1965), n'a jamais reçu le prix Pritzker, attribué uniquement à des architectes vivant depuis 1979.
Le Premier ministre indien Narendra Modi a félicité l'architecte sur son compte Twitter, estimant qu'il s'agissait de la "juste reconnaissance de son oeuvre extraordinaire, qui s'étale sur des décennies et a constitué une contribution notable à la société". "Il est l'un des rares architectes à avoir travaillé sur l'ensemble du spectre" de l'architecture, a commenté à l'AFP Rajeev Kathpalia, associé au sein du cabinet de Balkrishna Doshi, dont il est le gendre. Rajeev Kathpalia a expliqué que le lauréat du prix Pritzker était aujourd'hui un "mentor" pour le cabinet, qui travaille à plusieurs projets de campus universitaires, notamment celui de l'université de Nalanda, qui "le passionne".
Ce dernier projet est l'un des plus importants d'Inde. La reconstruction de la mythique université de Nalanda, détruite il y a plus de 800 ans, est espérée depuis des siècles par les intellectuels indiens. "Il se passionne pour tout ce qui est vivant", a expliqué son associé depuis près de 23 ans. "Son nom signifie l'enfant Krishna et, comme un enfant, il est toujours curieux de tout. C'est comme s'il rajeunissait à mesure que nous vieillissons."
C'est à Ahmedabad, dans l'Etat indien du Gujarat, où il a établi son studio et où il vit toujours, que son travail est le plus visible. Il y a réalisé de nombreux bâtiments, des résidences, un centre universitaire où il a enseigné (CEPT University) et des espaces artistiques. En évoquant cette ville et ses réalisations, Doshi a souligné le rôle que pouvait jouer l'architecte, susceptible d'influencer la vie quotidienne des habitants, mais aussi leurs aspirations et le développement économique de la région.
"Au fil des années, Balkrishna Doshi a toujours créé une architecture sérieuse, jamais tape-à-l'oeil ou inscrite dans des tendances", a expliqué le jury du Pritzker. "Doshi est très au fait du contexte dans lequel sont situées ses réalisations", a ajouté le jury. "Ses solutions prennent en compte les dimensions sociale, environnementale et économique et, de ce fait, son architecture est complètement en prise avec la notion de durabilité".
Ce choix témoigne de l'orientation du jury, qui avait déjà récompensé, l'an dernier, le trio du cabinet catalan RCR Arquitectes, célébrant leur travail mêlant innovation et respect de l'environnement. Au fil des dernières années, le Pritzker récompense systématiquement des architectes en prise avec la réalité et la société, notamment le Chilien Alejandro Aravena, primé en 2016 et connu, entre autres, pour ses logements sociaux.
Cet article a été publié le 7 mars 2018 par l'AFP
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Le prix Pritzker attribué à l'architecte indien Balkrishna Doshi
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2018 Balkrishna Doshi (Inde)
2017 Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramon Vialta - RCR Arquitectes (Espagne)
2016 Alejandro Aravena (Chili)
2015 Frei Otto (Allemagne)
2014 Shigeru Ban (Japon)
2013 Toyo Ito (Japon)
2012 Wang Shu (Chine)
2011 Eduardo Souto de Moura (Portugal)
2010 Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa (Japon)
2009 Peter Zumthor (Suisse)
2008 Jean Nouvel (France)
2007 Richard Rogers (Royaume-Uni)
2006 Paulo Mendes da Rocha (Brésil)
2005 Thom Mayne (Etats-Unis)
2004 Zaha Hadid (Irak / Royaume-Uni)
2003 Jørn Utzon (Danemark)
2002 Glenn Murcutt (Australie)
2001 Jacques Herzog et Pierre de Meuron (Suisse)
2000 Rem Koolhaas (Pays-Bas)
1999 Norman Foster (Royaume-Uni)
1998 Renzo Piano (Italie)
1997 Sverre Fehn (Norvège)
1996 Rafael Moneo (Espagne)
1995 Tadao Andō (Japon)
1994 Christian de Portzamparc (France)
1993 Fumihiko Maki (Japon)
1992 Alvaro Siza (Portugal)
1991 Robert Venturi (Etats-Unis)
1990 Aldo Rossi (Italie)
1989 Frank Gehry (Canada / Etats-Unis)
1988 Gordon Bunshaft et Oscar Niemeyer (Etats-Unis / Brésil)
1987 Kenzō Tange (Japon)
1986 Gottfried Böhm (Allemagne)
1985 Hans Hollein (Autriche)
1984 Richard Meier (Etats-Unis)
1983 Ieoh Ming Pei (Etats-Unis / Chine)
1982 Kevin Roche (Etats-Unis / Irlande)
1981 James Stirling (Royaume-Uni)
1980 Luis Barragán (Mexique)
1979 Philip Johnson (Etats-Unis)