Le Festival international de l’affiche et du graphisme de Chaumont (Haute-Marne) s’est doté, le 4 décembre 2009, d’un nouveau patron : Étienne Hervy, 34 ans. Encore peu connu des institutions, il l’est en revanche plus des graphistes eux-mêmes, ayant été pendant plusieurs années rédacteur en chef d’Étapes, revue française emblématique dans le domaine du graphisme.
Nommé délégué général du Festival, il est désormais en charge de la 21e édition, qui aura lieu du 29 mai au 20 juin, ainsi que de la préfiguration du futur « Centre international du graphisme », à Chaumont. Étienne Hervy répond à nos questions.
Le 1er février, vous avez pris vos fonctions à la tête du Festival international de l’affiche et du graphisme de Chaumont. Quelle sera votre tâche ?
Ma mission est triple. D’abord, diriger le prochain Festival. Comme j’ai pris le train en marche, je m’occuperai également de la direction artistique, mais mon idée est, à partir de la prochaine édition, d’inviter chaque année un directeur artistique différent. Celui de l’édition 2011 sera d’ailleurs choisi courant avril. Ma deuxième tâche est de préfigurer le futur « Centre international du graphisme », qui s’installera à Chaumont. Enfin, troisième et dernière activité : développer le « pôle graphisme », c’est-à-dire mettre en place un outil qui aide à repérer la communication de qualité et qui devienne un vrai lieu d’action.
Où en est la programmation architecturale du futur « Centre international du graphisme » (CIG) ?
Une équipe de programmistes, Pro-Développement, qui a conçu le programme de la Cité du design de Saint-Étienne, est actuellement en train d’élaborer le programme du CIG. Sont envisagés un édifice, l’ancienne Banque de France, voire, en complément ou pas, un bâtiment neuf, le tout étant situé dans le quartier centre-gare de Chaumont.
Nous souhaitons disposer d’un lieu d’exposition semi-permanent, pour des présentations d’une durée de quatre à six mois, ainsi que des réserves accessibles, notamment par les chercheurs. Pro-Développement doit présenter son étude le 2 avril, lors d’un comité de pilotage. L’idéal serait de pouvoir apporter les éventuelles modifications dans la foulée, afin de lancer le concours d’architecture d’ici à l’été 2010.
Quelle est la mission du CIG ?
Notre volonté est de devenir l’institution du graphisme en France. Le CIG est un centre d’art qui doit tenir compte de la spécificité du graphisme, en l’occurrence : être une discipline de commande. Ce qui m’intéresse, c’est moins le graphisme comme sujet que comme moyen d’action. C’est à nous de nous substituer aux commanditaires et d’expliquer comment la qualité est possible dans telle ou telle situation. Notre rôle est de documenter le graphisme, de livrer son mode d’emploi, d’aider à repérer une communication de bon niveau.
Nous devons être des catalyseurs de qualité. À l’instar de [l’association] Concours des plus beaux livres français, nous pourrions, par exemple, organiser une sélection des plus beaux travaux graphiques français. Par ailleurs, il y a toute une mécanique à mettre en place : coproduire des expositions, si possible itinérantes ; avoir une logique d’édition ; voire générer la commande sur place.
Le graphisme souffrirait-il, en France, d’un manque de reconnaissance ?
Oui, mais nous sommes néanmoins sur la bonne voie. Pour preuve : les manifestations autour du graphisme qui tendent à se multiplier, à l’image de la « Saison graphique » du Havre. D’un côté, les écoles forment de mieux en mieux et leur niveau augmente de manière exponentielle, ce qui portera ses fruits. De l’autre, la nouvelle génération de graphistes fait allègrement tomber les clivages et réussit à s’infiltrer sur de nouveaux « terrains de jeux ».
Commande publique, commande privée, tout est bon à prendre, pourvu que cela se fasse avec sérieux et dans la bonne humeur. Le graphiste, jadis peu visible, fait aujourd’hui partie à part entière du paysage créatif.
De quoi se compose votre collection ?
L’an passé, le Festival a fêté ses 20 ans. Sa collection se compose aujourd’hui d’un fonds historique, le legs Gustave-Dutailly – comptant 5 000 affiches, signées pour certaines Toulouse-Lautrec, Jules Chéret, Pierre Bonnard, Cappiello… –, auquel s’ajoutent des œuvres réunies au cours de ces deux décennies, soit, ces dernières années, quelque 2 000 affiches par an.
Au total, nous disposons donc d’un fonds de plus de 35 000 affiches, à l’intérieur duquel on trouve notamment plusieurs présentations complètes comme l’exposition « Images d’utilité publique » [Centre Pompidou, 1988] ou un ensemble significatif de Roman Cieslewicz. Bref, ce fonds permettra, dans l’optique d’une programmation d’expositions, de renouveler les pièces fréquemment.
Pouvez-vous nous donner un avant-goût de l’édition 2010 ?
Cette année, nous avons au programme des expositions de Frédéric Teschner et de Ruedi Baur, une présentation de 110 affiches constructivistes mise en scène par Malte Martin, ainsi que la projection du court-métrage d’animation Logorama du trio H5, récemment primé aux Oscars 2010. Dans la rue, le public découvrira une signalétique conçue par le duo Helmo (Thomas Couderc et Clément Vauchez). Celle-ci fonctionnera comme une « présence » dans la ville, autant de jour que de nuit. Enfin, l’affiche de cette 21e édition est signée par le célèbre graphiste néerlandais Karel Martens.
Festival international de l’affiche et du graphisme, du 29 mai au 20 juin, rens. bureau du Festival, Les Silos/maison du livre et de l’affiche, 7/9, av. Foch, 52000 Chaumont, tlj sauf lundi et mardi, mercredi-vendredi 14h-19h, samedi-dimanche 10h-19h, www.chaumont-graphisme.com
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« Le graphisme, moyen d’action »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°322 du 2 avril 2010, avec le titre suivant : « Le graphisme, moyen d’action »