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L’Académie des arts de Berlin se féminise

Pour la première fois, c’est une femme, la cinéaste Jeanine Meerapfel, qui vient d’être élue à la tête de la plus ancienne et prestigieuse institution culturelle en Allemagne.

BERLIN - Le 30 mai dernier, les membres d’une des plus anciennes institutions culturelles d’Allemagne, l’Académie des arts de Berlin, ont élu pour la première fois une femme au poste de présidente : Jeanine Meerapfel, cinéaste germano-argentine, née de mère française et de père juif allemand ayant fui le nazisme à Buenos Aires. Et pour faire bonne mesure, ils ont également choisi une vice-présidente, Kathrin Röggla, écrivaine. Monika Grütters, la ministre fédérale de la Culture s’est félicitée que « la culture en Allemagne se féminise » grâce à cette double nomination. Jeanine Meerapfel s’est contentée d’ironiser : « Certains estiment qu’au bout de 320 ans, il était temps ».

403 membres élus à vie
Fondée en 1696 par le (alors) prince-électeur Frédéric Ier de Prusse, avant même que l’Allemagne n’existe, l’Académie de peinture, sculpture et architecture a suivi le destin mouvementé du pays. À l’origine consacrée exclusivement aux beaux-arts, l’académie s’est progressivement ouverte aux autres formes d’art pour inclure actuellement six sections : arts visuels, littérature, spectacle vivant, cinéma et arts des médias, architecture et musique. Le peintre Max Liebermann en a été le président dans les années 1920 avant de démissionner en réaction à la montée du nazisme. Pendant la guerre froide, tout comme de nombreuses institutions allemandes, l’académie s’était dédoublée en Allemagne de l’Est et de l’Ouest avant d’être réunifiée en 1993. Elle compte actuellement 403 membres internationaux, élus à vie et choisis pour leur contribution à l’art de leur temps. Dans la section arts visuels figurent ainsi Ai Wei Wei, Bruce Nauman, Olafur Eliasson, Mona Hatoum, Bridget Riley ou bien encore Wolfgang Tillmans, pour n’en citer que quelques-uns. Dotée d’un budget de 18 millions d’euros par an, l’Académie des arts possède d’imposantes archives : une bibliothèque de 550 000 volumes et une collection d’art et d’archives d’artistes de 70 000 objets. Elle a également pour mission de conseiller la République fédérale allemande et promouvoir l’art et la culture.

Pourtant, lorsque le président sortant Klaus Staeck avait pris son poste en 2006, la pertinence voire l’existence de l’Académie posait question. Klaus Staeck, satiriste politique qui a participé à quatre documenta, a su non seulement redorer le blason de l’institution mais surtout lui redonner une voix, grâce à son soutien aux artistes opprimés, tel qu’Ai Weiwei. Klaus Staeck et l’Académie sont également devenus le fer de lance de la défense de la culture en vue des négociations du TAFTA, le traité transatlantique entre l’Union européenne et les États-Unis. Il poursuivra d’ailleurs sa tâche sur ce sujet au sein de la commission dédiée de l’Académie.

Jeanine Meerapfel prend ainsi la tête d’une institution solide. Elle souhaite s’inscrire dans la continuité, tout en misant sur une internationalisation croissante de l’académie. Ses premiers projets porteront sur la situation de l’industrie cinématographique en Allemagne et en Europe, la situation à Cuba, ainsi que sur la condition des artistes en Grèce.

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Jeanine Meerapfel © Photo dpa

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°438 du 19 juin 2015, avec le titre suivant : L’Académie des arts de Berlin se féminise

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