LONDRES / ROYAUME-UNI
Art Night, organisée par des Françaises, s’est déroulée dans la nuit du 7 au 8 juillet sur la rive sud de la Tamise.
La nuit est tombée sur Londres, après un samedi bien rempli : un match de coupe du monde de l’équipe d’Angleterre et une Gay Pride sous un soleil éblouissant et une température de 30° Celsius, considérée comme caniculaire par les Britanniques. C’est un climat rêvé pour découvrir les quartiers de la rive sud de la Tamise situé entre Vauxhall et la station électrique de Battersea, cet imposant bâtiment de briques rouges rendu célèbre par la couverture de l’album des Pink Floyds Animals, paru en 1977.
Pour leur troisième édition, les organisatrices d’Art Night ont en effet choisi d’éparpiller leurs œuvres dans ce qui était il y a encore peu un No Man’s Land en plein centre de la capitale anglaise – même si le parcours s’étendait plus au nord jusqu’au quartier bien plus couru de Southbank - facilement accessible grâce à la péniche affrétée toute la nuit pour l’occasion. « Avec Art Night, nous cherchons à mettre de la créativité dans le tissu urbain » explique Philippine Nguyen, la cofondatrice d’Unltd, l’organisation derrière l’équivalent londonien des Nuits Blanches parisiennes. « Après deux premières éditions dans le centre de Londres, nous voulions dynamiser des quartiers plus excentrés et permettre aux gens de les découvrir. »
Et quel meilleur moment pour déambuler dans les rues de Lambeth que la nuit ? Quartier plutôt lugubre la journée, l’enveloppe nocturne apporte à ses rues poussiéreuses une dimension irréelle, grâce aux éclairages des chantiers de construction, aux dizaines de grues tendues vers le ciel, à ses nouvelles tours résidentielles de verre. Le tout sous le regard de la centrale électrique, dont les tours sont illuminées par de puissants spots blancs et la silhouette dessinée par les feux d’avertissements rouges à destination des avions. A elle seule, elle témoigne des changements radicaux connus par ce quartier : ancienne zone agricole, Nine Elms a été transformée en zone industrielle au XIXe siècle avant de péricliter ces trente dernière années. La centrale électrique a fermé en 1983. En complète rénovation, elle accueillera en 2020 des bureaux et des logements.
Comme chaque année, les organisatrices Philippine Nguyen et Ksenia Zemtsova, qui se sont rencontrées sur les bancs parisiens de Sciences-Po, ont confié la direction artistique à un commissaire invité, cette année à la Hayward Gallery et son directeur Ralph Rugoff. Les douze œuvres, commandées pour l’occasion, ont été choisies pour être adaptées à cet environnement de travaux de grande envergure et de bâtiments ultras modernes.
La Britannique Suzanne Treister a ainsi peint une fresque sur l’une des palissades protégeant l’accès aux travaux de la station électrique intitulée Les machines anciennes disparues au fils des siècles. Ses pastels naïfs et futuristes représentent aussi bien « le satellite des utopies perdues » que « le trou noir de la super intelligence ». Non loin, le Britannique Jeremy Deller et les musiciens du Melodians Steel Orchestra se sont installés dans un site en construction pour y faire résonner leurs percussions, en guise de prolongation nocturne du bruit du travail des hommes et des machines, elles-mêmes au repos forcé. L’Italienne Lara Favaretto a suspendu sa caravane intitulée Les pauvres sont fous dans les airs, elle aussi au beau milieu d’un site en construction, d’où pointent d’innombrables grues. La Chinoise Miao Ying installe ses visiteurs dans les appartements témoins de la résidence Embassy Gardens. Dotés d’un masque pour visionner une vidéo de réalité virtuelle, elle les envoie pour une promenade pour le moins loufoque entre des cités américaines et chinoises. La Canadienne Tamara Henderson fait circuler des installations composées de fleurs mortes, de terres ou d’organes en pastique dans les allées aux fleurs et aux légumes du New Covent Garden Market.
A côté des douze œuvres principales, quarante huit autres projets ont été éparpillés le long de la Tamise. L’organisation a comptabilisé dix mille visiteurs autour des seuls sites de Battersea. « Et si certains sont venus par hasard, la plupart sont venus spécifiquement pour Art Night » assure Sarah Simmonds, responsable du Portable Print Studio, en charge d’aider les visiteurs à imprimer leur propre édition d’une image de la centrale électrique. « Nous n’avons pas arrêté une seconde. » Une évidence, au regard du nombre de personnes se promenant dans les rues du quartier leur impression à la main.
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La « Nuit blanche » de Londres investit un quartier en construction
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