Blu-ray Et Dvd - Avec Le Mystère Picasso d’Henri-Georges Clouzot et Le Songe de la lumière de Victor Erice, A Bigger Splash de Jack Hazan pourrait appartenir au petit cercle des grands documentaires sur l’artiste au travail… Mais s’agit-il vraiment d’un documentaire ? En mai 1971, David Hockney traverse une crise personnelle.
Peter Schlesinger, son compagnon et modèle, l’a quitté. Le peintre britannique n’a que quelques mois pour terminer Portrait of an Artist. Le désormais célèbre portrait d’un homme penché sur une piscine et un nageur doit figurer dans une exposition new-yorkaise à venir. Perpétuellement entouré, sollicité, Hockney balade sa carcasse à travers les nuits de Londres, les rues désertes et les défilés de mode. Il confiera passer parfois six mois à réfléchir, à douter, à esquisser, à commencer et à renoncer pour exécuter son travail en quinze jours. A Bigger Splash suit cette longue attente.« Il y a quelque chose de décadent dans la nostalgie », souffle l’artiste. Lorsque le film commence, cette histoire est déjà loin et la toile achevée. Le narrateur, l’assistant du peintre Mo McDermott, se trouve en Suisse, en 1973. Le flash-back, la représentation des rêves… Hazan va activer tous les ressorts de la fiction. Le cinéaste explique sa démarche dans le livret qui accompagne la nouvelle édition Blu-Ray : « Pendant plus de trois ans, j’ai suivi ce même processus : téléphoner à David et être autorisé à filmer ses amis ; assembler les scènes dans la salle de montage afin de créer une histoire. » Ainsi, sans le savoir, cette petite foule mondaine joue son propre rôle dans une fiction construite à partir de situations réelles. Hazan ne fait que suivre la démarche du peintre. Au fil du film, on comprend que Portrait of an Artist n’est pas une toile réaliste, mais une impression de réalité. David Hockney mêle dans sa composition le souvenir d’une piscine californienne et celui, plus récent, d’une autre, située dans le sud de la France. De même, son pinceau va confondre sur la toile les silhouettes de Schlesinger et de McDermott... D’où ces plans de Jack Hazan, cadres dans le cadre, qui parcourent A Bigger Splash. Ou encore, ces dizaines de photos de piscines et de corps masculins glissant parmi les reflets, punaisées sur un mur à la façon d’un puzzle. Tel un metteur en scène, le peintre pratique aussi l’art du montage. Car une image, nous dit ce film, en contient toujours plusieurs.
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Hockney montage
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°751 du 1 février 2022, avec le titre suivant : Hockney montage