Henri Matisse naît à Cateau-Cambrésis en 1869. Après des études au collège de Saint-Quentin et des cours de droit suivis à Paris, il travaille dans une étude de Saint-Quentin et commence à peindre en 1890. Il fréquente alors l’école Quentin-Latour puis revient à Paris en 1892, où il s’inscrit à l’académie Jullian. Il y fait la connaissance d’Albert Marquet et de Gustave Moreau, qui lui offre d’emblée l’entrée à son atelier. Il entre en relation avec les peintres Rouault, Camoin, Manguin...
Ses premières œuvres, à l’atmosphère intimiste et poétique, rappellent Corot mais une ligne sûre et ferme caractérise déjà sa peinture. Autour de 1896, la couleur s’éclaircit progressivement, au contact de John Russel qu’il rencontre à Belle-Ile et qui lui offre deux dessins de Van Gogh. Par son intermédiaire, il connaît Rodin et Pissarro. Son style s’affirme, même si l’influence de Moreau se fait encore vivement sentir. Le premier contact de Matisse avec un paysage méditerranéen a lieu en 1898 : il part pour la Corse et la lumière crue le pousse à monter sa palette.
A Toulouse,il réalise des natures mortes à l’aspect divisionniste. A partir de 1899, les tons profonds, saturés, de toiles très construites aux formes simplifiées (anatomies féminines et masculines, natures mortes...), marquent les premiers pas de l’artiste vers le fauvisme. L’achat d’une Etude de baigneuses de Cézanne et d’une Tête de garçon de Gauguin montre l’intérêt de Matisse pour les novateurs de la fin du siècle.
1901 est l’année d’une rencontre décisive, Derain lui présente Vlaminck. Mais ce n’est qu’en 1905 que Matisse s’éloigne véritablement du divisionnisme au profit d’une peinture à la touche plus large et à la couleur éclatante. Fenêtre ouverte à Collioure et Femme au chapeau, exposées au Salon d’Automne de 1905, seront les premières œuvres à être qualifiées de « Fauves ». A Collioure, Matisse fréquente Maillol et voit les dernières œuvres de Gauguin, qui éveillent son intérêt pour l’art nègre. L’aplat, l’arabesque décorative et l’expressivité de la couleur caractérisent sa production d’alors (Le Bonheur de vivre, 1906).
L’année 1907 est importante : Picasso peint Les Demoiselles d’Avignon et le Grand Palais accueille une rétrospective Cézanne. C’est aussi pour Matisse le temps d’une reconnaissance internationale. Considéré par les plus grands collectionneurs étrangers comme le nouveau chef de file de la peinture française, il ouvre en 1908 une académie et publie dans la Grande revue un texte important pour la compréhension de son travail, Notes d’un peintre.
Il cherche à atteindre l’expression par le minimum de moyens et s’attache à ne peindre que les lignes essentielles. La Musique et La Danse (1909) sont les exemples les plus évidents de cette quête : trois couleurs seulement, en aplats, et des arabesques élégantes et souples. Ce mélange de rigueur et de sensibilité caractérise aussi les grandes décorations de 1911 comme Intérieur aux aubergines ou L’Atelier rouge. A partir de 1918, Matisse séjourne régulièrement à Nice et s’y installe en 1921. Les œuvres de cette période sont souvent des intérieurs clairs, baignés par la lumière du Midi, où la figure féminine devient également un élément décoratif. Certains titres, tels que Figure décorative sur fond ornemental (1925-26), révèlent d’ailleurs eux-mêmes les intentions de l’artiste. Cette œuvre synthétise toutes les influences qui ont marqué l’art de Matisse depuis le début du siècle et pose déjà les jalons de ses recherches suivantes.
En 1930, il voyage à Tahiti, New York et San Francisco. A Merion, en Pennsylvanie, le docteur Barnes lui commande une peinture murale sur le thème de la danse, dans la lignée de celle qu’il avait réalisée en 1910. Cette œuvre de 1933 témoigne d’une grande maîtrise de l’arabesque, et pour placer son nu sur le fond, Matisse utilise lors de ses travaux préparatoires des papiers gouachés et découpés. Il s’installe à Vence en 1943 et les œuvres qu’il produit pendant ces années de guerre (La Blouse roumaine, par exemple) résultent d’études nombreuses et complexes où le dessin prend une importance grandissante. Eprouvant des difficultés à manier le pinceau, Matisse a de plus en plus souvent recours aux papiers gouachés découpés. Entre 1947 et 1951, Matisse réalise deux projets dans des édifices religieux : il exécute le Saint Dominique de l’église de Notre-Dame de Toute Grâce sur le plateau d’Assy et conçoit la chapelle de Vence. Deux projets à la fois spirituels et esthétiques qui traitent ses thèmes de prédilection, la paix, le bonheur, l’espoir...
Ses dernières gouaches découpées, celles des années 50, sont des œuvres rythmées par le dessin, qui allient la précision, la finesse de la forme au foisonnement décoratif. Ses Nus bleus, en 1952, réduits à l’essentiel, sont un ultime hommage à la femme, qui l’a tant inspiré tout au long de sa vie et de son œuvre. Henri Matisse s’éteint à Nice, en 1954.
Né à Málaga en 1881, Pablo Picasso commence son éducation artistique à Barcelone, dès 1895. Cette ville, dominée par la personnalité du sculpteur Gaudí, ouverte à toutes les influences extérieures, est riche d’enseignements pour le jeune artiste qui, très vite, côtoie les artistes catalans au café El Quatre Gats.
Picasso se rend pour la première fois à Paris en 1900, y retourne plusieurs fois avant de s’y installer définitivement en 1904. Les œuvres de cette période restent très espagnoles, mais témoignent déjà d’une assimilation extraordinaire de toutes ses influences : que ce soit celles de Gauguin, de Lautrec, d’Eugène Carrière, des Nabis (pour le goût du décoratif) ou de l’art grec.
1901-1905 sont les années de la période bleue, avec des œuvres montrant des personnages déchus, miséreux, traitant des thèmes inspirés des milieux qu’il a vus à Barcelone, ceux des prostituées et des alcooliques notamment. Suit la période rose, aux tons plus clairs et à la vision moins pessimiste. C’est plutôt le monde du cirque et des gens du voyage qui sont alors évoqués.
1906 marque un tournant dans son travail, il rompt avec le maniérisme décoratif de ses œuvres de jeunesse. De retour d’un séjour estival à Gosol, en Andorre, il peint le Portrait de Gertrude Stein et Femmes nues, avant d’entreprendre, pendant l’hiver, le grand projet des Demoiselles d’Avignon. Une toile ambitieuse et majeure dans l’avènement du cubisme, qui mêle habilement les expériences antérieures de l’artiste aux influences de Cézanne, de la sculpture ibérique et de celle de l’art nègre.
A partir de 1909, et en étroite collaboration avec Braque, le second « inventeur » du cubisme, Picasso réduit dans ses toiles les figures à des formes géométriques, brise les volumes et construit ses compositions en éliminant la notion de perspective, en s’approchant du monochrome. Nature morte à la chaise cannée, en 1912, est le premier collage réalisé par Picasso. Beaucoup d’autres suivront, ainsi que des assemblages tridimensionnels. La période véritablement cubiste s’achève en 1914, alors qu’il est éloigné de Braque. Il utilisera pourtant encore jusqu’en 1921 certains procédés du cubisme (Les Trois Musiciens, par exemple).
L’après-guerre est le temps du retour à la figuration. En 1917, Cocteau emmène Picasso à Rome pour l’exécution du décor de Parade, un ballet dont il a écrit le livret. Il réalise aussi des décors pour les ballets russes, ce qui lui redonne le goût du décoratif et des thèmes de ses débuts.
Les années 20-25 sont marquées par quelques-unes des œuvres les plus célèbres de l’artiste, aux styles très divers, de l’humour des Femmes courant sur la plage de 1922 aux portraits de sa femme Olga et de son fils Paul, en passant par des natures mortes très cubistes. En 1925, Picasso entre en contact avec les surréalistes et commence une série de toiles surprenantes et tourmentées. Influencée par les poètes surréalistes, l’imagination de l’artiste enfante alors des monstres, les corps des femmes se déforment, les compositions sont baignées dans une atmosphère érotique et violente. A ces peintures énigmatiques, Picasso oppose des œuvres à la sensualité silencieuse qui lui sont inspirées par sa rencontre avec Marie-Thérèse Walter en 1932.
A la suite de deux séjours en Espagne en 1933-34, le peintre s’intéresse au thème du taureau, sous la forme du Minotaure. En résulte la série de gravures de 1935, La Minotauromachie, qui met fin à l’époque surréaliste. L’image du taureau est présente aussi dans l’œuvre la plus connue de Picasso, Guernica. Il la peint en quelques semaines, après la destruction de la ville basque par des avions allemands. Cette toile à l’atmosphère funèbre et angoissante, qui montre la peur de Picasso face à la barbarie et la guerre, marque le début de son fort engagement politique.
Il n’en oublie pas pour autant de représenter les femmes, ni de les déformer, comme Dora Maar qu’il a rencontrée en 1936 et qui devient l’objet de toutes les métamorphoses. Le Charnier, en 1944-1945, est la dernière œuvre tragique de Picasso. Après la guerre, il vit heureux avec Françoise Gilot, qui lui donnera deux enfants. Il quitte Paris pour le soleil du Sud, va à Vallauris, Cannes puis Mougins.
Jusqu’en 1955, il peint des toiles méditerranéennes, joyeuses, et réalise beaucoup de lithographies et de gravures. Pour la fabrique Madoura à Vallauris, il exécute nombre de plats, assiettes, cruches... Son travail de sculpteur est important aussi dans ces années-là (Femme enceinte, 1950). Pablo et Marie-Thérèse se séparent en 1953. Une époque de crise morale suit, avant qu’il ne rencontre Jacqueline Roque, qu’il épouse en 1958 et qui lui inspire une série de portraits. Il peint aussi des toiles revisitant des œuvres de peintres anciens (Courbet, Vélasquez, Delacroix...). La production des quinze dernières années est très diverse. Outre cet intérêt pour les chefs-d’œuvre du passé, Picasso se replonge dans les thèmes tauromachiques et ressurgissent dans certaines œuvres des influences espagnoles. L’artiste disparaît en 1973 à Mougins.
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Henri Matisse, Pablo Picasso
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°539 du 1 septembre 2002, avec le titre suivant : Henri Matisse, Pablo Picasso