Fanny Boucher - Héliograveur

« L’héliograveur lui-même, en tant que professionnel, ne faisait plus partie de la nomenclature des métiers d’art », souligne-t-elle. Excepté quelques artistes comme Soulages, personne ne s’y intéressait alors. Ce savoir-faire, transmis par Jean-Daniel Lemoine d’abord à l’École Estienne, puis dans l’atelier de ce dernier à Bièvres, Fanny Boucher s’est fait fort de le faire reconnaître. À 24 ans, elle crée son propre atelier, l’Atelier Hélio’g. Si les dix premières années sont laborieuses, depuis, les commandes d’artistes ou de photographes affluent en grand nombre. Celles d’Annette Messager et d’Édouard Elias comptent parmi les dernières. « Mon entrée dans l’association Les Grands Ateliers de France m’a beaucoup aidée et nourrie », précise-t-elle. C’est dans cette association d’ailleurs qu’elle a commencé à réfléchir à comment montrer que la matrice en cuivre, plaque support avant impression de la photographie ou du dessin, est une œuvre à part entière. De cette réflexion est née Arboris, une composition murale de matrices créées à partir de la photographie d’un arbre. Récompensée par le prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main - Talents d’exception 2020, cette pièce sublime de 2 m n’est pas son premier travail personnel. D’autres existent, mais Fanny Boucher n’est guère loquace sur le sujet. Son projet est ailleurs. Car elle entend bien, grâce à ce prix, ouvrir l’héliogravure au design et à la décoration d’intérieur. Et elle s’y attelle.