Il aura fallu sept ans au Centre Culturel Américain, pour réaliser son transfert rive droite ! Le bâtiment de Frank Gehry a été livré à l’automne, mais il reste une façade accueillant seulement quelques cours de langues. A trois mois de son inauguration, le Centre n’a toujours pas annoncé sa programmation.
PARIS - C’est en 1987 que l’American Center quitte le 261, boulevard Raspail où il était implanté depuis 1931. L’institution compte alors sur la vente du terrain et du bâtiment – 220 millions de francs – pour s’agrandir et se développer. Site choisi pour sa nouvelle implantation : Bercy. Choix favorisé par la Ville de Paris, ravie qu’un équipement culturel majeur, s’implante sur un site et un quartier à valoriser. En bordure du futur parc et faisant face à la Bibliothèque nationale de France, un espace de 2 500 m2 est dégagé.
De juillet 1987 à mai 1988, Henry Pillsbury, directeur exécutif du Centre depuis 1979, Judith Pisar, présidente depuis 1977 (elle est l’épouse de l’avocat international Samuel Pisar) et leur conseil français Daniel Janicot (le maître d’œuvre du Musée des arts de la mode) consultent une dizaine d’architectes américains. Projet retenu, celui du californien Frank Gehry –- ce sera sa première réalisation en France. Lorsqu’il est présenté au public en 1989, son projet a déjà été revu en fait deux fois. Gehry a conçu un bâtiment très original, hétérogène, fait de multiples blocs fonctionnels et dont l’entrée est surmontée d’un auvent en zinc que l’architecte compare à la jupette d’une ballerine. Sur 17 000 m2 et neuf niveaux, le bâtiment devra héberger salles d’exposition, studios, salles de spectacles, plateaux polyvalents, salles pour les cours de langue, appartements pour artistes en résidence, etc. Investissement prévu : 150 millions de francs. Ouverture annoncée : second trimestre 1992...
L’euphorie des débuts a fait place depuis à la perplexité. Décembre 1992, coup de tonnerre : l’équipe artistique est licenciée. Elle comprenait notamment Adam Weinberg, ancien directeur du Whitney Museum, engagé en 1990 comme directeur artistique et directeur de la programmation. L’exposition inaugurale Le paysage comme métaphore est annulée car jugée trop onéreuse. En réalité, l’American Center a grand peine à trouver l’indispensable complément de financement privé pour son budget de fonctionnement, crise économique oblige ! On dit même que le coût de construction du bâtiment a englouti l’intégralité des ressources de la vente du boulevard Raspail. L’ouverture du Centre ne peut qu’être ajournée, et dans ces conditions, comment bâtir une programmation ? Le bâtiment, lui, est achevé et, depuis l’automne dernier, il accueille malgré tout les enseignements linguistiques...
Dans une publicité pour ces cours d’ailleurs, la notoriété du bâtiment est largement mise en avant. Henry Pillsbury se refuse aujourd’hui à dévoiler "sa" programmation, mais entend le faire dans le courant du mois de mars, alors que l’ouverture, elle, est annoncée pour le début du mois de juin.
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Façade Gehry
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°1 du 1 mars 1994, avec le titre suivant : Façade Gehry