À l’aune du renouveau des savoir-faire artisanaux, où les arts du feu et de la terre suscitent un engouement particulier, l’œuvre d’Elsa Guillaume, artiste plasticienne et céramiste, née en 1989, ne passe pas inaperçu.
Ses créations poétiques sensibilisent le public par l’émerveillement, à l’image de son installation-douche, Embruns, réalisée pour la Biennale d’art contemporain d’Anglet en 2021. À la fois sculpture et paysage, ses œuvres font corps avec l’environnement naturel, tout en reflétant les enjeux contemporains du monde qui l’entoure. Diplômée des Beaux-Arts de Paris depuis 2013, et désormais installée dans un atelier à Bruxelles, la jeune artiste est cette année plus que jamais à l’honneur avec une double exposition personnelle dans les musées de Rochefort, fruit d’un an de résidence au sein des collections et d’une fusion avec un patrimoine marin exceptionnel lié à l’histoire de la ville. Une plongée envoûtante vingt mille lieues sous les mers.
Se dessinant entre terre et mer, le parcours artistique de cette éternelle exploratrice est déterminé par deux rencontres décisives. La première a lieu en 2010, lorsqu’elle découvre et pratique pour la première fois la plongée sous-marine, expérience qui bouleverse son approche sensible du monde. Cette fascination pour l’univers aquatique se poursuit dans son expédition scientifique à bord de la goélette Tara en 2016, durant laquelle elle observe, dessine, note et tente de saisir le mystère de ces profondeurs abyssales sur ses carnets de voyage. Ainsi, le dessin occupe-t-il une place centrale dans son processus de création. Peu après, elle expérimente les techniques de la porcelaine et de la céramique – qui deviendra son matériau de prédilection –, notamment lors de voyages initiatiques en Chine et au Japon (2013-2017). Cette exploration de la matière s’allie intimement à celle du vivant et à un goût pour l’anatomie des corps, comme si, à mi-chemin entre rêve et réalité, l’imagination venait pallier le manque de connaissance de ces univers sous-marins mystérieux, souvent méconnus, car inaccessibles. À l’instar du Nautilus de Jules Verne, dont une maquette conservée au Musée de la marine serait à l’origine, Elsa Guillaume crée des contes merveilleux, une poétique de la mer.
Pour s’y plonger plus profondément, le spectateur, invité à enfiler un scaphandre composé de pièces détachées en céramique, découvre un monde flottant, peuplé de chimères, de chrysalides, de créatures hybrides, d’animaux grotesques, de poissons tantôt disséqués, tantôt métamorphosés. Loin des traditionnelles ambitions naturalistes, le caractère organique et précis de ses sculptures en céramique développe un imaginaire fantastique empreint d’une réalité fictionnelle, d’une étrangeté, non inquiétante, mais plutôt rassurante et familière. Poursuivant sans cesse son expérimentation de la matière, l’artiste crée, pour l’exposition à la Corderie royale, un aquarium de seize sous-marins miniatures en verre, pièces uniques en lévitation réalisées en collaboration avec les artisans du Centre international d’art verrier (Ciav) de Meisenthal (57). Un nouveau matériau difficile à apprivoiser, mais dont la translucidité continue d’évoquer la fluidité et la beauté infinie des milieux marins.
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Elsa Guillaume
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°757 du 1 septembre 2022, avec le titre suivant : Elsa Guillaume