Il est des objets qui n’ont l’air de rien. Mais un rien qui est tout pour l’air justement, car cet élément lui permet d’augmenter son degré hygrométrique.
Ainsi sont les saturateurs et autres humidificateurs d’air pour radiateurs. Leur rôle, donc, est d’accroître l’humidité relative de l’atmosphère, action particulièrement salutaire dans les espaces fermés à l’air desséché.
Avantage : grâce à l’évaporation naturelle de l’eau, laquelle a lieu indépendamment de la chaleur développée par le radiateur, l’humidificateur améliore la qualité de l’air ambiant, évitant par la même occasion de causer, voire d’accentuer, quelque maladie respiratoire. Bref, c’est sain et, qui plus est…, gratuit : ledit objet fonctionnant sans le moindre apport d’énergie, ce qui, de nos jours, est fortement louable.
Mini-volcan
Habituellement, la forme d’un humidificateur est des plus banales : un parallélépipède élémentaire en céramique. L’objet, plutôt étroit, est constitué d’alvéoles intérieures destinés à accueillir l’eau et se suspend tout simplement au radiateur grâce à un crochet métallique. Rares sont les designers à avoir abordé ce thème, disons, aride. On se souvient néanmoins d’un très beau modèle dessiné en 1998 par feu le maestro transalpin Achille Castiglioni : un élégant cylindre de céramique blanche tel un morceau de bambou coupé en biseau et baptisé Fischietto, ou « sifflet ».
Ce dernier était produit par la firme italienne Il Coccio, célèbre marque de saturateurs dans les années 1980 à 1990. La société effectue, cette année, un retour sur le devant du radiateur en dévoilant une nouvelle collection d’humidificateurs en céramique (1). Articulée autour de la réédition du fameux Fischietto, cette série se compose de huit nouvelles pièces « conçues sous le signe de la pureté formelle » et dessinées par autant de pointures internationales : la Suédoise Monica Förster, l’Argentino-Helvète Alfredo Häberli, le Portugais Fernando Brizio, l’Espagnole Patricia Urquiola et les Italiens Marco Ferreri, Giulio Iacchetti, Alberto Meda et Denis Santachiara.
Chacun y est allé de sa touche d’humour. À commencer par Fernando Brizio, lequel a dessiné Float, une sorte de « bouteille » conçue non pas pour être accrochée au radiateur mais pour être posée dessus.
Une petite boule de bois noir reliée à un flotteur indique le niveau d’eau dans ladite « bouteille ». Lorsque cette dernière est vide, la sphère devient bouchon.
Milkyway, l’humidificateur aux courbes gracieuses de Monica Förster, ressemble, lui, à une soucoupe volante. Il semble défier la gravité, tenant aussi bien horizontalement que verticalement. Idem avec Stromboli, le mini-volcan imaginé par Alfredo Häberli et qui s’accroche en léger débord du radiateur, donnant ainsi l’impression que l’objet flotte mystérieusement, comme en apesanteur.
Avec All Seasons, Alberto Meda a pour sa part joué la double fonctionnalité : généralement en service pendant hiver, l’humidificateur se transforme, dès l’été, en un vase à facettes, à poser sur le radiateur… ou ailleurs. De son côté, Denis Santachiara a dépassé les positions classiques, entre suspendu ou posé, pour en inventer une troisième : son saturateur Frank Zeppa peut ainsi se glisser, telle une cale de bois, entre le mur et les ailettes du radiateur.
Quant à Giulio Iacchetti, le designer qui a orchestré cette nouvelle collection, il a joué sur les mots en évoquant de manière ludique le fond et la forme. Son humidificateur d’air ressemble en effet à une usine, avec sa cheminée et ses toits en shed. Son nom : La Fabrique des vapeurs. Décidément, la poésie se niche partout, même sur les radiateurs.
(1) La liste des prix de la « Il Coccio Design Édition 2010 » est actuellement en cours d’établissement pour les pays étrangers.
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Eau, air et feu Castiglioni
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°321 du 19 mars 2010, avec le titre suivant : Eau, air et feu Castiglioni