Royaume-Uni - Art contemporain

Damien Hirst à nouveau accusé de falsifier la datation de ses œuvres

Par Marion Krauze · lejournaldesarts.fr

Le 24 mai 2024 - 373 mots

Plus d’un millier d’œuvres de son projet « The Currency », datées de 2016, auraient en réalité été peintes ultérieurement.

Damien Hirst © Photo Cointelegraph, 2021
Damien Hirst.
© Cointelegraph, 2021

Damien Hirst suscite à nouveau la controverse. En mars dernier, The Guardian avait révélé que trois œuvres de l’artiste britannique, présentées comme datant des années 1990, avaient en réalité été réalisées en 2017. Une nouvelle enquête du journal vient de dévoiler que plus d’un millier de peintures de son projet « The Currency » ne dateraient pas de 2016, contrairement à ce que Damien Hirst avait laissé entendre. Bon nombre des œuvres auraient été peints postérieurement entre 2018 et 2019.

Damien Hirst a daté de 2016 un ensemble de 10 000 peintures abstraites sur papier, qui s’inscrivent dans sa série « Spot Paintings » initiée en 1986. Les tableaux, très similaires, sont tous recouverts de points colorés peints à la main par l’artiste ou ses assistants sur du papier A4. Ils ont ensuite été mis en vente dans le cadre de son projet « The Currency » en 2021. Les acheteurs avaient alors le choix entre acquérir la peinture physique ou sa version numérique sous forme de NFT, chacune vendues 2 000 £ (2 350 €). Si l’acheteur optait pour le NFT, la peinture correspondante était détruite. En octobre 2022, Damien Hirst a ainsi brûlé près de la moitié des feuilles lors d’une exposition dans sa galerie londonienne.

Les peintures avaient été vendues par l’intermédiaire de la société HENI, gérée par le directeur commercial de Damien Hirst, qui a précisé à l’époque que les œuvres avaient été « créées à la main en 2016 ». Chaque feuille présente au revers un cachet d’authenticité, la signature de l’artiste et la date de 2016. Plusieurs sources ont toutefois révélé au Guardian qu’au moins mille œuvres – voire plusieurs milliers – ont été produites en série par des peintres embauchés par la Science Ltd (la société de Damien Hirst) entre 2018 et 2019, à la manière d’une « chaîne de production Henry Ford ».

Les avocats de Damien Hirst n’ont pas contesté le fait que les œuvres aient bien été réalisées après 2016. Ils soutiennent en revanche que ce changement de datation n’est en aucun cas motivé par des raisons commerciales puisqu’il s’agirait de la « pratique habituelle » de l’artiste de dater ses œuvres selon l’année de leur conception et non de leur fabrication physique.

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