LYON - À l’entrée, le cartel biographique d’usage ne mentionne presque aucune date depuis le passage de Robert Combas en 1993 au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, si ce n’est une exposition en 2010 à la galerie Guy Pieters. PAR JEAN-CHRISTOPHE CASTELAIN
Cela fait presque vingt ans que Robert Combas a disparu des écrans radars officiels, mais le peintre sétois a gardé son public, comme on le dit des chanteurs démodés : pas une foire d’art contemporain qui n’offre à la vente une de ses toiles, voisinant le plus souvent avec un Di Rosa. Il faut donc du courage à Thierry Raspail, le directeur du Musée d’art contemporain de Lyon (MAC), pour avoir orchestré une rétrospective du peintre sétois car Combas fait de la peinture narrative sa spécialité, le comble du ringard pour une partie du milieu de l’art contemporain. Les autres, ceux qui aiment la peinture vont se régaler. Combas, qui a participé à la scénographie , et Richard Leydier, le commissaire de l’exposition, ont pris le contre-pied du format minimaliste imposé par le White Cube qui aurait été aussi prétentieux qu’inadapté. Si Combas sature ses toiles, ainsi en est-il des salles d’exposition qui en débordent. Aucun répit, l’œil est sollicité de tous côtés dans une incroyable profusion. Même les espaces entre les tableaux sont souvent peints.
La « Combas Factory »
La peinture de Combas se suffit à elle-même, nul besoin d’un discours explicatif sur ses intentions ou sur les affres de sa psyché. Combas aime les femmes en général et ses compagnes en particulier, il aime aussi beaucoup le sexe. Et quand sa libido le laisse tranquille, il aime peindre sa région, des batailles (!), des tableaux anciens et bien sûr, le rock. La musique traverse toute sa vie. Il a créé un groupe de rock dans les années 1970, « Les Démodés », et vient de fonder « Les Sans-Pattes ». On peut d’ailleurs le voir jouer ou travailler dans les salles du musée, car un atelier a été reconstitué, avec des vitres sans tain pour que les visiteurs observent l’artiste à l’œuvre. Lors de notre visite, Combas jouait sur un « synthé » de la musique new wave qui emplissait la grande pièce adjacente consacrée à la religion. Partout, de grands tableaux puisant leur iconographie dans la Bible trônent entre des crucifix évoquant des insectes géants: séquence spiritualité. Un tableau de Combas se reconnaît à des kilomètres, même si sa source d’inspiration principale, la bande dessinée – ainsi que Picasso et le Douanier Rousseau –, innerve tout un courant de l’art actuel. Les formes cernées, les couleurs vives, les figures caricaturées et imbriquées signent une œuvre très identifiable. L’exposition « Greatest Hits » (les plus grands succès) illustre sa passion pour la musique en écho à sa peinture ; mais ces 600 « hits » dépassent le simple florilège. Si l’on trouve les œuvres des débuts, naïves et sympathiques du Combas « classique » des années 1980, d’autres récentes tiennent un peu moins la route. Qu’importe, cette rétrospective emplit les yeux et les oreilles, tout autant que le catalogue, un futur collector.
Commissaires d’exposition : Thierry Raspail, directeur du musée et Richard Leydier, critique d’art
Nombre d’œuvres : env. 600
Jusqu’au 15 juillet, MAC , cité Internationale, 81 quai Charles de Gaulle, 69006 Lyon, mercredi-vendredi 11h-18h, samedi-dimanche 10h-19h. Catalogue éditions Somogy, 408 p., ISBN 978-2-9064-6184-0, 45 €
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Combas sature le MAC
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Légende Photo :
Robert Combas © Christophe Beauregard pour L'oeil
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°366 du 30 mars 2012, avec le titre suivant : Combas sature le MAC