Formé à l’école des beaux-arts de Strasbourg puis au Fresnoy, Bertrand Dezoteux crée, avec ses films d’animation 3D à l’humour déjanté, des univers hybrides dans lesquels évoluent des protagonistes tragi-comiques.
Il présente jusqu’au 24 avril une exposition personnelle à la HAB Galerie de Nantes, où quatre films, dont un inédit, et des installations sont présentés aux côtés d’une vingtaine d’œuvres qu’il a sélectionnées dans les collections publiques nantaises.
« Comment le numérique et ses outils peuvent-ils redéfinir notre rapport au cinéma et au récit ? » C’est vers ce questionnement que se tourne la pratique filmique de Bertrand Dezoteux, qui bouscule les codes et mêle les genres cinématographiques, du dessin animé à la science-fiction, en passant par le documentaire ou la comédie musicale. Son imaginaire composite est également nourri de références hétéroclites qu’il puise dans la littérature, la mythologie, la biologie ou encore la culture télévisuelle, tout en s’inspirant également de la vie quotidienne. En résulte des films décalés, à l’esthétique volontairement bricolée, qui mettent en scène des personnages loufoques dans des mondes fictionnels. Ainsi suit-on les tribulations de Jésus Pérez, unique représentant de l’espèce humaine sur l’exoplanète Harmonie, peuplée d’êtres hybrides inspirés du bestiaire médiéval et qui ne communiquent que par « oui » ou par « non ». Dans Endymion, c’est au voyage intergalactique d’un trio de personnages à bord d’une DS volante que nous assistons. Pour ce film, l’artiste a recomposé des dialogues à partir d’entretiens qu’il a réalisés avec son père et sa grand-mère, en essayant de trouver des rebonds entre ces avatars familiaux – il prête sa voix au troisième – discutant de questions existentielles.
Ces deux films, ainsi qu’une suite inédite à Harmonie, et La petite bête qui sent la chaussette, une vidéo destinée aux enfants, sont présentés à la HAB Galerie. Bertrand Dezoteux, dont la pratique se composait exclusivement de films d’animation 3D depuis sa sortie du Fresnoy et jusqu’à il y a quelques années, a saisi l’occasion de cette invitation pour déployer son univers visuel dans tout l’espace d’exposition. Ainsi se côtoient des peluches issues de ses vidéos, des dessins et des aquarelles, mais également Matrice et Patrice, deux installations in situ présentées dans la grande nef. Cette exposition est une manière pour l’artiste de poursuivre sa volonté de « se confronter plus directement à l’espace », volonté impulsée en 2021 lorsqu’il a été commissaire invité à la Fondation d’entreprise Pernod Ricard. Une expérience qui a bouleversé son rapport aux œuvres, aux siennes mais également à celles des autres artistes qu’il a rassemblées. Dans le cadre de son exposition à Nantes, Bertrand Dezoteux s’est de nouveau fait commissaire en sélectionnant des œuvres dans les collections publiques de la ville – uniquement des peintures datant du milieu du XIXe siècle à aujourd’hui. Il les a choisies depuis une base de données numérique, un « outil fascinant », mais qui soulève également des interrogations : « Comment construit-on des récits, des univers, lorsque le signifié prend le dessus sur une expérience sensible ? » Il ne reste qu’à visiter l’exposition pour découvrir la manière qu’a trouvée Bertrand Dezoteux de répondre à cette question.
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Bertrand Dezoteux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°752 du 1 mars 2022, avec le titre suivant : Bertrand Dezoteux