À Rouen, dire « les lods », c’est moins faire référence à l’architecte Marcel Lods que désigner les 25 immeubles de 4 étages et 20 logements chacun qu’il a édifiés au tournant des années 1960-1970 sur les hauteurs nord de la capitale normande, dans le quartier dit « de la Grand’Mare », dont la graphie est dorénavant « Grande Mare ».
De Marcel Lods, on connaît la cité de la Muette à Drancy (Seine-Saint-Denis) qui, construite au mitan des années 1930, est considérée comme le tout premier des « grands ensembles » français, et, surtout, l’étonnante maison du Peuple de Clichy (Hauts-de-Seine) inaugurée en 1939, les deux conçus en partenariat avec Eugène Beaudoin et la collaboration de l’ingénieur Vladimir Bodiansky comme de Jean Prouvé.
Après guerre, à Rouen, Lods abandonne le béton au profit du verre et de l’acier, opte pour un univers très bucolique. Trente ans plus tard, l’ensemble a souffert, un organisme multipartite conduit par la Ville de Rouen rachète l’ensemble et réhabilite à l’identique, sous la houlette de l’architecte Patrice Verhaeghe de l’agence Artefact, 18 des 25 immeubles (sept demeurent en suspens tandis qu’une menace de démolition pèse sur trois d’entre eux) dans le cadre d’un grand projet de revitalisation et de désenclavement du quartier de la Grande Mare.
L’idée étant de procéder par petites touches, de recréer avant tout du lien social, d’inverser la tendance qui vide ces quartiers excentrés de leurs commerces de proximité et que le démantèlement progressif du service public isole encore plus.
C’est là qu’interviennent les jeunes architectes Aldric Beckmann et Françoise N’Thépé, en livrant, au cœur de l’ensemble, un bâtiment de dimension modeste (950 m2 plus un patio), d’expression mesurée mais d’une belle rigueur architecturale. Soit deux parallélépipèdes vitrés et sérigraphiés au-dessus desquels se déploie une résille métallique qui unifie le tout. Une architecture une fois encore « faufilée » qui joue de la résonance et de la consonance, qui affirme sans heurter et dont les vastes et généreux auvents induisent la convivialité.
Ce lieu multiple, administrativement qualifié de « plots d’activités », est destiné à accueillir, justement, des activités diverses. Premier occupant, une cyber-base déjà activement fréquentée.
La Grande Mare avait besoin d’être rajeunie, réactivée, réurbanisée. Mais le quartier, situé sur les hauteurs vallonnées de Rouen, reste ceinturé d’un ruban de forêts où il n’est pas rare de croiser écureuils, lièvres et même sangliers. Le tout rythmé par le chant des oiseaux.
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Beckmann-N’Thépé - Un palais dans la mare
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°299 du 20 mars 2009, avec le titre suivant : Beckmann-N’Thépé - Un palais dans la mare